Il sort en salles aujourd’hui. Il s'agit du film Borgo, de Stéphane Demoustier, vainqueur du Prix du jury du festival du film policier de Reims.
Un prix tout à fait mérité ! Si vous aimez les bons polars, avec une vraie ambiance inquiétante et une intrigue policière, il est fait pour vous. C’est un polar carcéral qui se passe dans la prison de Borgo au sud de Bastia. C’est
l’histoire d’une gardienne impliquée dans un double assassinat. Le réalisateur Stéphane Demoustier s’est inspiré d’un fait divers récent qu’il a découvert dans les journaux : un double meurtre qui a eu lieu en 2017 à l’aéroport d’Ajaccio, en plein jour, et dont le procès n’a pas encore eu lieu.
A partir de là, il dresse le portrait fictionnel captivant d’une surveillante pénitentiaire, qui bascule, ou plutôt qui glisse imperceptiblement, dans le grand banditisme. La "matonne" s’appelle Mélissa – ce qui lui vaut le surnom d’Ibiza- en référence à la chanson de Julien Clerc. Cela donne lieu à une des jolies scènes du film où elle est accueillie en chœur par les détenus sur l’air de la métisse d’Ibiza. Parce que Mélissa est appréciée des détenus, elle est expérimentée, rigoureuse mais soucieuse de leur quotidien et même prête à rendre des petits services aux uns et aux autres.
Elle vient d’arriver en Corse avec son mari et ses deux filles. Ils découvrent l’île, avec ses règles, ses bandes rivales, le racisme latent qu’il y a sur l’île et dont le mari de Mélissa est victime.
Puis un gentil détenu leur propose, voire leur impose sa "protection". Et peu à peu le piège se referme sur elle, sans qu’on sache vraiment sa part de responsabilité ou de prise de conscience.
Et la question du film, c’est comment et pourquoi une mère de famille sans histoire peut-elle devenir une criminelle ? Le dernier film de Stéphane Demoustier était La fille au bracelet. Et c’était déjà le portrait un peu ambigu d’une jeune femme accusée de meurtre.
Il aime clairement sonder la complexité de l’âme humaine. Mais là où La fille au bracelet était un film de procès, quasiment en huit clos, on est ici entre thriller et film d’enquête. Le montage est extrêmement habile, en alternant l’avant et l’après-crime, avec un effet de flash-back dans l’enquête efficace. Et un aspect documentaire sur la vie en prison où les détenus vivent en mode de semi-liberté la journée et où – comme le dit la directrice dans le film- ce sont plus eux qui surveillent les gardiens que l’inverse.
Dans le rôle de Mélissa, c’est une jeune actrice dont on entend de plus en plus parler. C’est Hafsia Herzi. Elle interprète ici magistralement ce rôle complexe, de femme partagée entre sa famille, son entourage, son métier, entraînée presque malgré elle, jusqu’au pire…
Elle était déjà cette année à l’affiche du Ravissement, très beau premier film d’Iris Kaltenback, nommé aux César et dans la Sélection du Prix Croire au cinéma ! Elle a une présence magnétique, mystérieuse, très intérieure.
L’enquête est menée par un autre formidable acteur : Michel Fau, impeccable et assez drôle en commissaire désabusé, secondé par Pablo Pauly, en enquêteur consciencieux.
Et pour finir, le générique est signé Philippe Sarde : immense compositeur du cinéma français, de 75 ans, auteur multi-primé depuis la Chanson d’Helene dans Les Choses de la vie de Claude Sautet en 1970.
Le film à voir cette semaine au cinéma, c’est Borgo de Stéphane Demoustier.
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