C'est un film au titre de circonstances qui sort en salles en cette rentrée : il s’intitule « Septembre sans attendre ». Il est signé du réalisateur espagnol Jonas Trueba. Comme dans ses films précédents, l’histoire se passe à Madrid.
Jonas Trueba c’est un peu le Woody Allen ibérique. Ses personnages parlent beaucoup, de la vie, de l’amour, du couple dans tous ses états. Dans ce 8ème long métrage, il y a en plus une touche d’humour cher au new-yorkais. Et comme ça se passe en Espagne, c’est en plus très ensoleillé !
« Septembre sans attendre », c’est l’histoire d’Alex et Ale qui après 14 ans de vie commune, annoncent à leur entourage qu’ils se séparent et qu’ils veulent organiser une fête pour célébrer cela !
Une idée de départ qui peut paraitre un peu loufoque ! Mais pour autant, aucun effet dramatique. C’est un film léger, solaire, plein de charme. On ne sait rien des raisons de leur séparation. Ce n’est pas le sujet.
Le film est basé plutôt sur le comique de répétition. Ils font leur « annonce » successivement à leur famille, leurs amis, leurs voisins et même à leur plombier ! A chaque fois, les réactions varient, et leur façon de l’annoncer ensuite, aussi. Et c’est dans ces infimes variations que nait la question : Alex et Ale sont-ils au fond si sûrs de leur décision? Un bonheur nouveau et différent peut-il être envisageable ?
La subtilité du scénario, c’est évidemment de n’apporter aucune réponse définitive, mais de nous inviter à voir les choses autrement. Et c’est pour moi l’essence-même du cinéma ! Trueba va même plus loin en ajoutant un film dans le film. Une façon assez habile de nous réserver une fin plutôt inattendue.
Il s’est inspiré ici d’un genre très en vogue à Hollywood dans les années 1940-1950 : ce sont les comédies de remariage. Les plus célèbres sont celles de Frank Capra, de Lubitsch ou d’Howard Hawks. Et, dans le film, Alex cite le philosophe américain qui a le mieux théorisé ce genre cinématographique. Il s’appelle Stanley Cavell et il a démontré comment la comédie pouvait allier divertissement et œuvre de pensée.
Ici le sujet pourrait être : La possibilité d’une séparation peut-elle être un chemin vers un amour plus grand ? ou – dit autrement- l’amour doit-il passer par la mort pour mieux renaitre ? Un vrai sujet de dissertation... Mais c’est pourtant une comédie, de Jonas Trueba, elle s’intitule Septembre sans attendre, à voir dès à présent au cinéma.
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