Cette semaine, Valérie de Marnhac recommande le film "Spectateurs" d'Arnaud Desplechin. Oeuvre meta-cinématographique, le réalisateur s'intéresse dans son film à son propre rapport au 7ème art. Un style qui commence à être très en vogue dans les salles obscures.
"Qu’est-ce que le cinéma ?" C’est une question chère à André Bazin, le grand critique d’après-guerre. Et régulièrement des cinéastes aussi tentent de répondre à cette question. On peut trouver l’exercice nombriliste de leur part. Mais le plus souvent, ils nous ouvrent tout grand l’espace de leur créativité. Et c’est passionnant !
Spielberg l’a fait dans The Fabelmans, de façon très autobiographique, en nous racontant ses premiers pas avec une caméra. Damien Chazelle, avec Babylon, a filmé la naissance des studios d’Hollywood et tous les excès qui l’ont accompagnée. Sam Mendes a choisi la salle de cinéma dans Empire of Light. En réalité, chacun le fait à sa manière, selon son style, ses préoccupations et sa cinéphilie.
Arnaud Desplechin s'est posé la même question, dans un format assez hybride et très personnel. Ce n’est ni un documentaire ni une fiction, plutôt une sorte de dictionnaire amoureux du 7e art, en 12 chapitres. Des rencontres, des souvenirs reconstitués, des témoignages émouvants ou drôles… par ex, sur l’importance de la place qu’on choisit devant un écran. Desplechin parle d’un « roman d’apprentissage du [jeune] spectateur » qu’il a d’abord été.
Le titre du film utilise le point d'exclamation, comme le film Lumière ! de Thierry Frémaux qui s’apprête à sortir au mois de mars, sous le titre « L’Aventure continue ». Pour eux, le cinéma est une source d’étonnement et de jubilation permanente et toujours la promesse d’un spectacle. Spectateurs ! ouvre sur le jeune Paul Dédalus, double de Desplechin à l’écran depuis ses tous premiers films (et joué bien sûr adulte par Mathieu Amalric!) Il nous dévoile les films qui ont jalonné sa vie, qui l’ont « aider à mieux vivre, à se réapproprier le monde et à se réconcilier avec lui ». 53 extraits de films au total, très éclectiques, de Coup de Foudre à Notting Hill à Aliens de James Cameron. En passant par Le Petit soldat de Jean-Luc Godard, dont il fait sienne la réplique célèbre : « Le cinéma, c’est 24 fois la vérité par seconde » précédée. On connait moins la phrase magnifique qui la précède : « Quand on photographie un visage, on photographie l’âme qui est derrière. »
Un prix catholique de cinéma remis à Venise depuis 1948. Le film raconte l’histoire vraie et édifiante d’une famille très bourgeoise de Rio, victime de la dictature militaire au Brésil dans les années 1970, avec l’arrestation puis la disparition du père, ancien député travailliste. Le jury SIGNIS a voulu souligner « l'espoir pour la démocratie et pour une culture de paix » que ce film illustre.
2 films à voir en salles cette semaine : Spectateurs ! d’Arnaud Desplechin, et Je suis toujours là de Walter Sallès.
Le mercredi c'est le jour où sortent les nouveaux films au cinéma. C'est aussi le jour pour écouter, à 8h45, La Chronique cinéma de Valérie de Marnhac !
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !