Différencier le travail salarié de l'emploi, c'est fondamental pour comprendre les transformations actuelles du travail. Il faut pour cela sortir de la "focalisation permanente du débat public autour de l'emploi", comme le propose Sandrino Graceffa. Le directeur de SMart France se définit comme un "activiste" soit "quelqu'un qui essaie de faire évoluer un certain nombre d'idées..." Sa société est une coopérative, structure assez emblématique des tranformations de l'économie actuelle.
Le mot "économie" vient du grec oikos, "la maison" et nomos, "la règle". Étymologiquement, il désigne "ce qui règle le bon gouvernement de la maison". Or, le travail domestique a été au XIXè siècle distingué du travail "en dehors de la maison", explique Pierre-Yves Gomez. Si bien que travailler à éduquer ses enfants n'est pas vu comme un travail. "Il a des tas de personnes qui ont un rôle très important pour le vivre ensemble, qui ne sont pas appréhendés comme des gens qui travaillent", souligne Sandrino Graceffa.
Des années 50 aux années 2010, on a effacé des statistiques - et des mentalités - le travail non salarié. Or, de plus en plus de personnes produisent "bénévolement" des outils non-marchands, "des communs, comme par exemple des logiciels libres", avance Noémie de Grenier, de la coopérative Coopaname. Des sites internet comme Wikipédia bouleversent des pans entiers de l'économie. La plus grande encyclopédie jamais réalisée est l'œuvre d'individus passionnés qui a détruit le secteur du dictionnaire en cinq ans.
Le travail change, doucement mais sûrement. Et parmi les menaces, l'ubérisation, synonyme de moins de protection sociale. Un néologisme que l'on doit paraît-il au publicitaire Maurice Lévy, que Sandrino Greceffa décrit comme un "phénomène de disruption, c'est-à-dire d'explosion d'un cadre inventé par notre modèle social qui permet à tous les travaileurs de bénéficier d'un minimum de protection sociale".
Le terme d'ubérisation est utilisé aussi bien pour décrire une nouvelle économie collaborative que pour dénoncer un système économique déshumanisé. La société Uber, elle, a fait 3 milliards de pertes l'an dernier, précise Pierre-Yves Gomez, et "rien ne dit qu'elle sera encore là dans cinq ans". Le combat des chauffeurs de taxis face aux chauffeurs Uber semblait être celui du vieux monde agonisant devant un monde nouveau.
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