
LE MOT DE LA SEMAINE - Vient de commencer la 30e édition de la Semaine de la langue française et de la francophonie, et comme le signale la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, il s’agit du rendez-vous des amoureux des mots français. C’est chaque année un très agréable temps culturel. Retour sur la francophonie avec Jean Pruvost.
Retour sur le mot francophonie avant la 30e édition de la Semaine de la langue française et de la francophonie.
La "francophonie" désigne tout d’abord l’ensemble de ceux qui parlent le français avec ses variantes et, inutile de dire que l’évaluation quantitative est délicate : l’Organisation internationale de la Francophonie, créée en 1970 et regroupant 93 États, considère que nous sommes 321 millions à parler la langue française, et que nous serons probablement 715 millions en 2050, soit 8 % de la population mondiale.
Ce chiffre passe bien sûr par l’Afrique, continent majeur de cette très forte croissance. Le deuxième sens du mot correspond à l’ensemble des pays ayant le français comme langue officielle. Au total aujourd’hui : 27 pays. Comme le Burundi, le Rwanda, le Bénin ou la Suisse.
Enfin, troisième sens du mot, il s’agit de l’institution dite "la Francophonie", avec une majuscule. L’Académie française en donne cette définition : "Nom par lequel on désigne couramment, par abréviation, la Conférence des pays ayant le français en partage, et les diverses institutions qui s’y rattachent". Ainsi peuvent être évoqués les États membres de la Francophonie. Depuis 2019, c’est Madame Louise Mushikiwabo qui est Secrétaire générale de la Francophonie, élue à cette fonction à Djerba au XVIIe Sommet de la francophonie.
On doit tout d’abord le mot "francophone" au géographe Onésime Reclus, qui l’a créé en 1880 dans son ouvrage intitulé France, Algérie et colonies. Au moment où la vague des conquêtes coloniales déferlait sur les cinq continents.
Mais c’est en réalité vers 1930 qu’il ressurgit avec les premières prises de conscience de la richesse représentée, pour revenir en force en 1960 derrière Léopold Sédar Senghor, devenu président de la République du Sénégal. Avec donc le mot qui l’accompagne : "la francophonie".
L’intégration de ce dernier mot dans nos dictionnaires est cependant tardive : il ne fait son entrée que dans le millésime 1971 du Petit Larousse avec une définition bien modeste. "Francophonie : collectivité constituée par les peuples parlant le français". Et cet exemple : "La Wallonnie appartient à la francophonie". Mesurons alors le parcours effectué, lorsque dans le millésime 2000, on bénéficie d’une Préface de dictionnaire.
Conclusion avec une triple définition tirée des mots croisés pour faire deviner le mot "francophonie". Soit "Un monde qui se comprend", soit "On y a tous même racine", ou "À de haut sommets". Et j’ajouterais : "A sa semaine". Et c’est maintenant.
Jean Pruvost, lexicologue passionné et passionnant vous entraîne chaque lundi matin dans l'histoire mouvementée d'un simple mot, le mot de la semaine !
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