Le sculpteur du XVIIe siècle Jean Del Cour est sans doute l’un des artistes liégeois les plus connus. Son art se ressentant très fort de l’influence de l’Italie baroque, l’on s’est beaucoup interrogé sur la teneur exacte de son séjour de formation à Rome. Que sait-on de ce voyage transalpin, qui resta longtemps empreint d’une désespérante obscurité ?
Le séjour même de Jean Del Cour (1631-1707) à Rome fut jadis mis en cause, les rares informations connues provenant d’auteurs anciens, comme Henri Hamal, dont la crédibilité n’est pas toujours assurée. Hamal comme Saumery considèrent que Del Cour séjourna à Rome durant sept années, apparemment de 1654 à 1661.
La date de 1661 en tant que date du retour d’Italie et du début de la production liégeoise a été confirmée par le livre de raison du sculpteur, dont une retranscription a été publiée par Berthe Lhoist-Colman, dans le Bulletin de l’Institut archéologique liégeois en 1975.
Un dessin de Jean Del Cour portant sa signature et la date de 1660 montre la copie d’un motif de putti en stuc réalisé vers 1650 sous la direction d’Alessandro Algardi, le grand rival de Gian Lorenzo Bernini, dans l’église Saint-Ignace à Rome. Cela démontre que le Liégeois s’est intéressé à d’autres maîtres que Bernini, le plus grand sculpteur du siècle.
Un document capital a été naguère ajouté au dossier : une mention de Jean Del Cour (et peut-être de son frère, le peintre Jean-Gilles) à une séance d’étude du nu à l’Académie de Saint-Luc à Rome en janvier 1664.
Cela confirme que le sculpteur liégeois a bien effectué, sans doute en 1663-1664, un second séjour à Rome, comme Pierre-Lambert de Saumery l’avait indiqué dans les Délices du païs de Liége en 1744.
Voilà qui oblige à regarder d’un œil nouveau le Christ en croix en bronze que Del Cour a réalisé, en 1663, pour le pont des Arches à Liège. Tous les spécialistes s’accordent pour considérer que ce Christ est la sculpture la moins baroque du maître liégeois. C’est sans doute suite à son second séjour romain que Del Cour s’est inscrit dans la lignée du Bernin.
Comme l’a montré Michel Lefftz dans son importante monographie sur Del Cour publiée en 2007 et contrairement à ce que l’érudition d’après-guerre avait eu tendance à promouvoir, il n’y a pas lieu de minimiser l’influence des œuvres du Bernin lui-même sur la production liégeoise du sculpteur, en particulier dans ses très baroques esquisses en terre cuite conservées au Grand Curtius.
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