Une exposition consacrée au soleil et à sa place dans l’histoire de l’art. Au point de départ de cette exposition, le musée Marmottan à Paris cherchait comment célébrer le 150e anniversaire du tableau le plus célèbre de sa collection : "Impression, soleil levant", qui fut peint par Claude Monet le 13 novembre 1872. C’est le tableau qui a fait naître le vocable "impressionnisme". Il représente un petit matin sur le port du Havre éclairé par un timide soleil orangé. À partir de ce tableau, l’idée a germé de s’interroger sur la place que tient l’astre du jour dans la création artistique, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. L’exposition est une réussite remarquable. Elle est assez concise : une centaine d'œuvres mais d’une qualité impressionnante.
Là où l’exposition est passionnante, c’est qu’elle observe les interactions entre les convictions religieuses, les progrès de la science et les recherches des artistes. Au temps des Égyptiens ou des Grecs, le soleil était considéré comme un dieu et occupait donc un place centrale dans les représentations. Puis le judaïsme et le christianisme imposent l’idée d’un Dieu créateur. Le soleil se voit alors rabaissé au rang d’un élément presque secondaire de l’univers. Viennent ensuite, au XVIe siècle, les découvertes scientifiques de Copernic et Galilée qui établissent que la terre tourne autour du soleil et non l’inverse. Et le soleil trouve alors une place beaucoup plus centrale sous le pinceau des peintres.
Ce sont des très grands noms. Rubens, le Lorrain, Turner, Monet, Derain, Signac, Edvard Munch, Vallotton, Miro ou Calder. Le thème de l’exposition renouvelle notre regard sur leurs œuvres. Calder, par exemple, est très connu pour ses sculptures mobiles. En les voyant dans ce contexte, j’ai soudain réalisé que ces mobiles faisaient beaucoup penser à des planètes se déplaçant les unes par rapport aux autres.
Il faut souligner que l’exposition comprend aussi des représentations astronomiques dues à des scientifiques. Car, avant l’apparition de la photographie, les astronomes transcrivaient leurs observations sous forme de dessins et d’aquarelles. Ce qui constituait une sorte d’art abstrait involontaire.
Je vais maintenant citer deux œuvres assez diamétralement opposées. D’abord un lever de soleil du peintre expressionniste allemand Otto Dix. L’astre projette des rayons noirs sur un paysage de neige peuplé de corbeaux. On pense immanquablement aux vers de Gérard de Nerval : "Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé porte le soleil noir de la mélancolie." Puis on observe que ce tableau date de 1913 et l’on ne peut s’empêcher d’y voir un pressentiment de la guerre qui allait advenir un an plus tard. Le second tableau, lui, est une source d’apaisement. Il a été peint vers 1830 par le romantique allemand Caspar David Friedrich. Des femmes marchent sur une route de campagne. Le soleil est un rond très pâle en haut du tableau. Le tableau s’appelle "Matin de Pâque". Cela m’a remis en mémoire un autre vers, dû au poète britannique William Blake, cité par Oscar Wilde : "Là où d’autres ne voient que l’aurore franchissant le colline, je vois les fils de Dieu clamant leur joie."
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