Je vous parle aujourd'hui de Monet, mais pas de Claude Monet. Enfin, pas seulement. Une exposition au musée du Luxembourg, à Paris, s’intéresse au frère du peintre, Léon Monet, son frère aîné, né quatre ans avant lui. Lui n’était pas un artiste mais un chimiste et un entrepreneur. Il était tout de même amateur d’art, il a collectionné les peintres de son temps et notamment des œuvres de son frère.
Sur les cimaises de l’exposition, on voit donc de nombreux tableaux issus de la collection Léon Monet. Des œuvres de Camille Pissarro, Alfred Sisley, Auguste Renoir. Beaucoup de ces tableaux ont pour motif la côte normande : Sainte-Adresse, près du Havre, Étretat ou Honfleur. C’est dans cette région que les deux frères ont passé leur enfance. Qui plus est, l’usine que dirige Léon Monet se trouve dans la banlieue de Rouen, à Maromme, et il possède une maison de vacances dans une station balnéaire dénommée les Petites-Dalles. Ses amis peintres et son frère peignent beaucoup lorsqu’ils viennent lui rendre visite. D’où un festival de ciels normands d’un bleu délavé et peuplés de légers nuages.
Léon Monet était un spécialiste de la couleur. Il était le représentant en France de la société chimique suisse Geigy qui fut pionnière dans la fabrication de couleurs synthétiques. Elles étaient destinées à l’impression de tissus pour l’habillement et l’ameublement, industrie très développée dans l’agglomération de Rouen, la 'ville aux 100 clochers' qui fut alors rebaptisée 'la ville aux 100 cheminées'.
L’exposition montre de très beaux catalogues d’échantillons de tissus colorés. Rien n’indique que Claude Monet ait utilisé des pigments fabriqués dans l’usine de son frère. Mais la révolution des couleurs synthétiques a contribué à l’affirmation de couleurs beaucoup plus vives sur les toiles des peintres impressionnistes. Ajoutons, détail pratique, que l’apparition, au milieu du XIXe siècle, de tubes de peintures déjà préparées, dotés d’un bouchon à vis, a permis aux impressionnistes de sortir beaucoup plus facilement de leurs ateliers pour aller travailler en plein air.
Oui et non. En dépit de leur passion commune pour la couleur, ils ont eu des relations en dents de scie. Ce n’est pas une histoire comparable à celle des frères Van Gogh. Theo Van Gogh a pour ainsi dire consacré sa vie à soutenir son frère Vincent et ils ont entretenu une très belle correspondance.
Léon Monet a certainement a eu à cœur d’aider son frère à démarrer sa carrière. Il lui a acheté de nombreux tableaux. Mais, par exemple, il semble qu’il n’ait guère apprécié le portrait que Claude fit de lui en 1874. Le tableau est longtemps resté caché et c’est la première fois qu’il est montré dans une exposition. Le fils de Claude a travaillé un certain temps chez son oncle Léon qui n’était pas très content de lui et a fini par le renvoyer. Ce fut à l’origine d’une brouille entre les deux frères qui a duré jusqu’à la mort de Léon en 1917. On voit à l’exposition une touchante lettre de Claude Monet à sa belle-sœur exprimant son regret de n’avoir pu le voir une dernière fois et lui dire d’oublier tout ce qui avait pu les désunir.
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