Liège
Lors de l’invasion des Pays-Bas autrichiens et de la principauté de Liège en 1794, les troupes révolutionnaires françaises étaient accompagnées de commissaires chargés de prélever, dans les églises et couvents essentiellement, des dizaines de chefs-d’œuvre de la peinture dite flamande afin de compléter les collections du futur Musée de Louvre. Pour Liège, ces commissaires se sont appuyés sur les choix de leur représentant local, le peintre Léonard Defrance, un acharné de l’envoi des chefs-d’œuvre de l’art liégeois à Paris.
Ces prélèvements dans les pays nouvellement conquis devaient pallier la faiblesse des collections d’art « flamand » dans les collections françaises. Ils étaient considérés par les autorités françaises comme une modeste compensation pour prix de la libération des peuples du joug de la tyrannie, pour reprendre la rhétorique révolutionnaire
Le processus des saisies avait été minutieusement préparé par les autorités françaises et, dès l’occupation des grandes villes des Pays-Bas, les principaux tableaux ont été décrochés et réservés pour le transfert à Paris. Liège fut la dernière grande ville visitée par les commissaires de la République, mais les spoliations avaient débuté avant même leur arrivée par l’entremise de leur représentant local officiel, Léonard Defrance, que l’historien de l’art Jules Helbig qualifie sévèrement de « serviteur obséquieux de l’étranger ».
Les Français ne s’intéressaient en fait qu’aux œuvres majeures des Rubens, Van Dyck, de Crayer et consorts. Les tableaux de la très originale école liégeoise du XVII e siècle ne leur importaient guère pour enrichir le Muséum. C’est Léonard Defrance et l’administration municipale qui ont insisté pour envoyer les chefs-d’œuvre de la peinture liégeoise à Paris afin de contribuer au grand mouvement de « libération » des œuvres d’art. L’objectif de la République était en soi plutôt noble : elle voulait rassembler les plus grands chefs-d’œuvre de l’art à Paris en les rendant aisément accessibles au public en un seul lieu.
La plupart des tableaux spoliés à Liège se trouvent aujourd’hui dans des musées de province en France, les Liégeois n’ayant récupéré à la chute de l’Empire que six des vingt-sept tableaux transférés à Paris en 1794 et 1795.
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