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Les coulisses de la création artistique des comédiens avec Valéria Bruni-Tedeschi

Un article rédigé par Pierre Germay - RCF Liège, le 23 mai 2022 - Modifié le 9 janvier 2024

Dans les sujets traités par les cinéaste en Sélection à Cannes, il y a des hasards de la programmation qui font se succéder deux films abordant la même thématique, en l’occurrence ce dimanche, les coulisses de la création artistique dans un théâtre. Mais, il est vrai, pas toujours avec le même bonheur.

Valeria Bruni-Tedeschi lors de la conférence de presse de ce lundi 23/05 (©Pierre Germay)Valeria Bruni-Tedeschi lors de la conférence de presse de ce lundi 23/05 (©Pierre Germay)

C’est le cas de « Don Juan » du cinéaste français Serge Bozon qui choisit de revisiter le mythe du célèbre séducteur en nous contant l’histoire d’un Don Juan non pas conquérant mais abandonné par sa future épouse le jour-même de son mariage ! Annoncé comme une comédie musicale alors qu’on y parle bien plus que l’on n’y chante, ce Don Juan, sorte de #Metoo à l’envers, est totalement incongru. Et les deux acteurs principaux, Tahar Rahim et Virginie Efira, ont bien du mérite à avoir tenté de sauver ce qui pouvait l’être dans cet exercice dissonant.

 

Dès lors attardons-nous plutôt à « Les Amandiers », de Valéria Bruni-Tedeschi. Ce n’est pas la première fois qu’elle vient à Cannes en tant que réalisatrice. En 2007 déjà la sœur de Carla Bruni était venue en compétition avec « Les Actrices » qui lui avait valu le Prix spécial du jury. En 2013, elle était revenue avec « Un château en Italie ».

Et aujourd’hui ?

 

Elle revient avec « Les Amandiers » du nom du théâtre situé à Nanterre, dont Patrice Chéreau fut le directeur de 1982 à 1990 et qui créa une éphémère école pour comédiens qui ne connut que deux sessions mais dont Valéria Bruni-Tedeschi fut l’élève en 1986.

 

La cinéaste se souvient donc de son apprentissage du métier de comédienne. Fin des années 80, Stella, Etienne, Adèle et d’autres ont vingt ans. Ils passent le concours d’entrée de la célèbre école. Lancés à pleine vitesse dans la vie, la passion, le jeu, l’amour, ensemble ils vont vivre le tournant de leur vie mais aussi leurs premières grandes tragédies.

 

« C’est un ami qui m’a soufflé l’idée du film », confie la réalisatrice en conférence de presse ce lundi matin. « Quand j’en ai parlé autour de moi, c’est devenu une évidence. Quel cadeau il m’a fait ».

 

Le côté autobiographique du film est donc très clair. Ses références aussi : « Casavettes pour le cinéma et sa façon de décrire l’ambiance vécue par la jeunesse américaine des années 80 ; et Tchekhov pour le théâtre, c’est incontournable, le film a été écrit après avoir revu ses pièces et on les a travaillées en répétitions en se replongeant dans l’atmosphère des salles de théâtre de l’époque » explique la cinéaste qui se souvient que quelque chose de très fort s’était alors passé avec Patrice Chéreau.

 

Quant au choix des comédiens, Valéria Bruni-Tedeschi explique avoir eu besoin d’un long casting de trois mois ! « J’avais besoin de comprendre ce que je cherchais au juste, égoïstement (sourire). On essayait de trouver un groupe avec des personnalités. Il fallait éviter le côté trop sérieux de certains. Parfois, il faut chercher ce point de déséquilibre qui permet de rire même de quelque chose de grave, c’est alors comme une bouffée d’oxygène. Il fallait donc des comédiens qui aient le sens de l’autodérision ».

 

« Et puis il me fallait des couples » poursuit l’actrice-réalisatrice. « J’ai eu des coups de foudre pour des jeunes que je n’ai finalement pas pris parce qu’ils ne fonctionnaient pas bien en couple. Leur dire non fut très difficile pour moi ».

 

Pour être son double de fiction, Valéria Bruni-Tedeschi a choisi Nadia Tereszkiewicz, une actrice de théâtre issue du monde de la danse et qui, ici, fait magnifiquement passer à l’écran la fureur de vivre et de jouer de ces jeunes comédiens. 

 

Cette plongée dans le voyage initiatique et dans le ressenti au quotidien de ces jeunes apprentis comédiens est une bien belle réussite. Rarement on aura aussi bien dépeint au cinéma ce travail de la création artistique chez de jeunes comédiens, avec leurs espoirs, leurs doutes, leurs joies, leurs peurs, leurs douleurs. 

 

Rendez-vous samedi soir au palmarès du 75è Festival de Cannes ? Qui sait ?

 

Au Festival de Cannes, Pierre Germay

 

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