Les femmes ne meurent jamais par hasard, les combats d’une avocates

Cette bande dessinée dresse le portrait de l’avocate  Anne Bouillon. C’est une BD engagée mais aussi très didactique pour aider à prendre conscience de l'ampleur des violences faites aux femmes et de la nécessité de mobiliser l’institution judiciaire aux côtés des victimes.

Une avocate au service des femmes

Anne Bouillon est une avocate qui a choisi ses combats. Elle le raconte, ça s'est fait progressivement mais désormais elle ne défend que les femmes.  Il y  a eu un jour où ça lui est devenu impossible d’être le matin aux côtés d’un agresseur et le soir aux côtés d’une victime. Tout le monde doit être défendu, c’est une évidence, les innocents comme les pires crapules mais Anne Bouillon a fait de la défense des femmes sa spécialité, son engagement et même sa vocation. Et on la suit dans son quotidien de femme de loi : dans son cabinet, au tribunal … Et sous nos yeux défilent des histoires de femmes : Divorces compliqués, harcèlement, Violence conjugale allant parfois jusqu'au féminicide.

Les violence faites aux femmes sont systémiques

C'est un album très pédagogique, à portée de tous, sans images de violence même si ce n’est pas anodin de découvrir ces femmes témoigner du mal dont elles ont été victimes. C'est d’autant moins anodin que la banalité de ces violences faites aux femmes, partout et tout le temps, montre bien le côté systémique de ces agressions et la nécessité d’en parler. Au 20  novembre, on comptait ainsi en France 122 femmes tuées par leur compagnon ou ex-compagnon depuis le début de l’année, soit un décès tous les deux jours. "Les Femmes ne meurent pas par hasard " est un titre qui impressionne. Pour Anne Bouillon ces violences et ces crimes sont l’héritage d’archaïsmes culturels construits autour de réflexes misogynes. Ces hommes qui deviennent des agresseurs confondent  : avoir une relation avec une femme et posséder une femme.

Dans le cabinet d’Anne Bouillon, des femmes courageuses

Des  femmes venues de toutes sortes de milieux viennent consulter l'avocate Anne Bouillon. En portant plainte, ces  femmes font preuve d’un immense courage. D'abord, elle doivent surmonter la peur de leur conjoint ou ex-conjoint mais aussi se coltiner une administration policière et judiciaire qui n’est pas  toujours à la hauteur. Ainsi, elles sont souvent confrontées à des questions du genre : Avez-vous vraiment dit non ? Comment étiez-vous habillés ? Ce n'est pas un si mauvais père tout de même ! Il faut savoir que seulement une femme sur cinq victime d'agression sexuelle ou de violence porte plainte et que seulement 14 % des plaintes pour viols sont suivi d’une condamnation. 

Une institution judiciaire qui manque de moyens pour rendre justice à ces femmes

Anne Bouillon travaille à réhabiliter la justice auprès de ces femmes mais aussi paradoxalement auprès des agresseurs et des familles. Elle croit dans la justice et pour elle la justice doit affronter ces violences intrafamiliales. C’est vraiment une avocate au service des femmes et de la justice et cette bande dessinée nous plonge à sa suite au cœur de l’institution judiciaire. Une institution que l’on découvre fragile et pas assez dotée pour être à la hauteur de l’enjeu. Pourtant "les choses ne font que progresser" confie Anne Bouillon dont l’énergie, la force de l’engagement féministe mais aussi la foi dans la justice font du bien.

Les femmes ne meurent pas par hasard est signée Charlotte Rotman  Lison Ferné et est publiée chez Steinkis.