Elles ont été bien plus que des "femmes de". Madame de Montespan ou Madame de Maintenon, Henriette Campan ou l'impératrice Marie-Louise ont laissé des traces dans notre histoire. Si l'histoire retient qu'elle ont été finalement assez peu dans l'ombre d'un grand homme c'est qu'elles se sont lancées dans des entreprises qui leur étaient propres. En ce mois de janvier 2018, la revue Codex consacre un dossier aux femmes : "Les Françaises et Dieu".
"Quand on cite Louis XIV on ne peut pas faire autrement que citer Madame de Maintenon et Madame de Montespan", explique Agnès Walch, auteure de "Duel pour un roi - Mme de Montespan contre Mme de Maintenon" (éd. Tallandier). L'historienne décrit deux femmes "étonnement modernes, éprises de liberté, déterminées et courageuses". À la cour de Louis XIV il faut distinguer l'épouse - en l'occurence Marie-Thérèse d'Autriche (1638-1683) - des favorites et des maîtresses. "Le roi est roi du matin au soir, de sa naissance à sa mort, il incarne par son corps la royauté dans tous les aspects de son corps." Aussi quand il choisit ses maîtresses, il ne pioche que dans la très haute noblesse. "Il ne fait pas les choses par hasard."
Contrairement à ce que l'on a pu croire, Athénaïs de Montespan (1640-1707) n'avait pas spécialement envie de devenir la maîtresse du roi. En femme relativement pieuse elle répugnait à tromper son mari. Pour Louis XIV, celle que tout le monde considère comme la plus belle femme du royaume représente un trophée à obtenir. Plus tard, celle-ci voudra conserver son influence à la cour et deviendra la rivale de Madame de Maintenon (1635-1719), la gouvernante de ses enfants. Une femme brillante, intelligente, dont l'esprit et la culture ont séduit Louis XIV, tout autant que son amour pour les enfants. Madame de Maintenon a fondé en 1686 la Maison royale de Saint-Louis, un pensionnat de jeunes filles dans l'actuelle commune de Saint-Cyr-l'École (Yvelines).
La fille d'Edme-Jacques Genet, homme des Lumières, traducteur et interprète fréquentant les encyclopédistes, a vécu 22 années aux côtés de Marie-Antoinette dont elle est devenue la confidente et à laquelle elle est restée fidèle. Elle a d'ailleurs frôlé la guillotine à 24 heures près. Henriette Campan a reçu une éducation originale qui a fait sa réputation à Versailles et qui lui a valu d'être engagée comme lectrice à la cour. Geneviève Haroche-Bouzinac retrace sa destinée fascinante et peu connue dans "La vie mouvementée d'Henriette Campan" (éd. Flammarion).
Admiratrice de Madame de Maintenon, Henriette Campan (1752-1822) a ouvert après la Révolution un pensionnat de jeunes filles. L'Institution nationale de Saint-Germain, fondée en 1794, lui permet d'une part de se nourrir, elle et les siens, et aussi de répondre à sa devise : "Les talents sont la vraie richesse". Elle y testera de nouvelles méthodes éducatives. Car contrairement à ce qui se faisait dans l'école fondée par Madame de Maintenon, dont elle admirait par ailleurs l'esprit et la grandeur, elle voulait que soient enseignées dans son institution les belles lettres, la géométrie et l'histoire. Une ambition pédagogique résolument moderne. "Elle avait l'ambition de créer une véritable Éducation nationale pour les filles." C'est à elle que Napoléon Ier donna la responsabilité de fonder la Maison d'éducation de la Légion d'honneur.
La création des maisons d'éducation était une réponse "aux ambitions de Napoléon pour sa cour, pour sa maison impériale : fusionner les anciennes et les nouvelles élites", comme le décrit Charles-Éloi Vial. Ces maisons d'éducation serviront aussi sous l'Empire de "vivier de recrutement pour les entourages des princesses de la famille impériale, que ce soit Hortense ou Marie-Louise". La seconde épouse de Napoléon Ier qui fait l'objet d'une biographie, "Marie-Louise" (éd. Perrin).
Petite-nièce de Marie-Antoinette, quand elle épouse à l'âge de 18 ans l'empereur des Français, Marie-Louise est terrifiée à l'idée de s'allier à "l'usurpateur", "l'ogre", "le monstre", bref au chef de ceux qui ont guillotiné sa tante. Ils ont fini par former "un couple qui a marché", ce qui est assez rare dans l'histoire des mariages diplomatiques. "Marie-Louise, c'est une exception à la règle, elle a été très heureuse ; Napoléon a fait des efforts pour être aimable !" Charles-Éloi Vial écrit : "Marie-Louise fut l'instrument de la métamorphose de Napoléon en monarque absolu, elle en fut aussi le moteur et le témoin." L'impératrice a joué un véritable rôle politique. À la naissance de son fils en 1811 elle est la souveraine la plus puissante d'Europe.
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