Les folies dont nous parlons sont des folies architecturales, au sens du XVIIIème siècle. Autrement dit ces pavillons que les aristocrates se faisaient construire dans le parc de leurs châteaux. Pavillons qui avaient souvent une dimension onirique, évoquant une pagode chinoise, un temple grec ou une ferme de fantaisie, comme le hameau de Marie-Antoinette dans le parc de Versailles.
C’est à cet héritage que fait penser le domaine du Château La Coste, que l’on peut visiter près d’Aix-en-Provence. Au départ, c’est un vignoble dans les collines voisines du Puy-Sainte-Réparade. Il a été racheté en 2004 par un richissime entrepreneur irlandais, Paddy McKillen, qui a décidé d’y installer un centre d’art et d’architecture tout en poursuivant avec beaucoup de soin l’exploitation viticole.
Quand on visite le Château La Coste, une référence s’impose : Naoshima, île japonaise où un très riche mécène a confié la création de plusieurs musées à Tadao Ando, l’architecte qui a récemment rénové la Bourse de commerce à Paris. Or, c’est également Tadao Ando qui a créé les principaux bâtiments au Château La Coste.
Il y a cependant une différence entre les deux lieux. À Naoshima, un seul architecte a été sollicité pour créer les lieux où sont exposées peintures et sculptures. En revanche, en Provence, Paddy McKillen a fait naître une véritable collection d’architectures dues aux plus grands noms de la profession. Les chais du vignoble sont de Jean Nouvel, une salle d’exposition semi-enterrée au milieu des vignes a été conçue par Renzo Piano. Un pavillon de musique doté d’une impressionnante charpente de bois est signé de Frank Gehry, l’architecte du musée Guggenheim de Bilbao et de la fondation Vuitton à Paris.
S’agissant de la trentaine de sculptures installées au milieu des vignes et des oliviers, j’aimerais citer un assemblage de blocs de pierre du peintre irlandais Sean Scully, un mobile de Calder installé au milieu d’une pièce d’eau. Ou encore une structure de bois et de bambou due à l’artiste vietnamienne Ti-a.
Côté architecture, il faut saluer les deux derniers pavillons réalisés dans le domaine. Leur point commun est que ce sont des œuvres posthumes, l’une d’Oscar Niemeyer, le Brésilien architecte de Brasilia, l’autre de Richard Rogers, le Britannique coauteur avec Renzo Piano du Centre Pompidou à Paris. Les deux bâtiments illustrent ce qui a rendu célèbres leurs auteurs. Des lignes courbes et de la blancheur pour Niemeyer, une grande audace technique et une couleur flashy pour Rogers. Son pavillon est une boîte en porte-à-faux au-dessus du vide, insérée dans une charpente métallique orange vif.
Cependant, j’ai une affection particulière pour la chapelle qui se trouve tout en haut du domaine. Tadao Ando a restauré les murs d’une ruine du XVe siècle consacrée à Saint-Gilles et les a mis à l’abri sous une très belle boîte transparente en métal et en verre. Il faut entrer entre ces vieux murs, refermer la porte et profiter de la lumière naturelle qui filtre par quelques minces ouvertures. C’est un très beau lieu de recueillement.
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