Finistère
"Nous sommes la force et la fragilité, la bienveillance, l'espoir, nous sommes les gardiennes de cette planète", dit la voix de Jean Dujardin dans le documentaire de Jean-Albert Lièvre. Sorti ce mercredi 22 février, "Les Gardiennes de la Planète" est un film comme on en voit peu sur grand écran. Et seul un passionné a pu trouver la patience nécessaire pour filmer ces véritables colosses des mers ! Le documentariste nous raconte les coulisses du film, qui résonne comme un plaidoyer pour la préservation de ces espèces et de leur environnement naturel.
C'est lors d'une rencontre hors du commun avec une baleine que Jean-Albert Lièvre a eu l’envie de réaliser ce documentaire. Alors qu’il était sur un tournage pour l’émission "Ushuaïa" de Nicolas Hulot - émission pour laquelle il a longtemps travaillé - l’équipe ne parvenait pas à approcher les baleines pour les filmer. Elle a fini par abandonner mais Jean-Albert Lièvre est resté au large des côtes de la République dominicaine. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsque ce qu’il croyait être "une patate de corail" s'est mise à bouger ! "J’ai cru faire un malaise, se souvient-il, elle a tourné lentement et gracieusement sous l’eau, puis j’ai eu un espèce de regard avec cette baleine. Et il y avait leurs chants au loin... Ça a été une telle émotion que j’en ai rêvé la nuit et je me suis dit qu’il fallait que je fasse partager cette expérience sur un écran géant."
Quoi de mieux en effet qu’un écran géant pour admirer l’immensité de ces cétacés ? Et notamment des baleines bleues - les plus impressionnantes - avec leurs 170 tonnes, leurs sept estomacs et leur langue plus lourde qu’un éléphant. "C’est tellement grand qu’on croit être près mais on est en fait très loin. Il y a une illusion d’optique qui est incroyable", s’exclame Jean-Albert Lièvre. Projeté le film au cinéma, c’est aussi donner à entendre parfaitement les sons émis par ces gigantesques mammifères, capables d’échanger entre eux à plusieurs kilomètres de distance. "Les baleines auraient enregistré près de sept millions de sons différents dans leur cortex. Ce sont de véritables disques durs... elles ont une grande connaissance des fonds marins, alors que nous on n’en connaît que 7%”, compare-t-il.
Fascinantes, les baleines le sont non seulement par leur intelligence mais aussi par leur altruisme. "Elles ont une connaissance de la vie harmonieuse. Elles ne s'attaquent pas les unes aux autres, elles se soutiennent, elles expriment de la compassion... Les baleines à bosse sont très tactiles et chez les cachalots, une mère peut même organiser des baby sitting pour garder les petits des autres mères, le temps qu’elles se reposent ou qu’elles aillent chasser”, détaille le documentariste, très ému par la grâce de ces êtres vivants.
Plusieurs mois ont été nécessaires pour tourner les images de ce chef-d’œuvre. Par chance, l’équipe a pu tourner en plein Covid. "Ça a été un avantage car là où on est allé, on était seuls, sans nuisance sonore, sans trafic maritime, sans tourisme et ça nous a permis d'avoir des contacts absolument dingues !" Pour filmer une baleine, il faut parfois s’y reprendre à des dizaines, voire des vingtaines de fois. Afin de multiplier ses chances, Jean-Albert Lièvre s’est entouré des meilleurs pêcheurs et guides.
Je crois qu’il y a 8 millions de tonnes de plastique qui se déversent chaque année dans les océans. Et effectivement si on ne fait rien, on va avoir plus de plastiques que de poissons
Si Jean-Albert Lièvre les a qualifiées de "gardiennes de la planète", c’est parce que les baleines ont un rôle de régulation absolument vital pour tout l’écosystème. 70% de l’oxygène que l’on respire est produit par les phytoplanctons. Or, les planctons se nourrissent des excréments des baleines. Et donc s’il y a moins de baleine, il y a moins de planctons et moins d’oxygène.
Malheureusement, les baleines ont longtemps été des proies et le reste encore par endroits. Elles ont longtemps été chassés pour l’industrie cosmétique, l’armement ou encore pour l’éclairage, grâce à l’huile des baleines qui ne gèle jamais même à basse température. Désormais, un moratoire limite la pêche, mais les cétacés restent menacés par la pollution plastique. “Je crois qu’il y a 8 millions de tonnes de plastique qui se déversent chaque année dans les océans. Et effectivement si on ne fait rien, on va avoir plus de plastiques que de poissons”, déplore le réalisateur. Le trafic maritime représente également un grand danger pour ces colosses. “Aujourd’hui il y a plus de baleines mortes par collision qu’il y en avait par la chasse avant le moratoire.” S’ajoutent à ces dangers les nuisances sonores et même les satellites qui désorientent les cétacés.
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Face à toutes ces menaces qui pèsent sur les baleines et donc sur la planète, le film de Jean-Albert Lièvre apparaît plus que jamais comme un plaidoyer pour la préservation de ces espèces et de leur environnement naturel.
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