Les luttes pour l'environnement n'ont pas attendu Nicolas Hulot ou Greta Thunberg. Cela fait au moins trois siècles que la dégradation de l’environnement inquiète et mobilise. Pour retracer l'histoire de ce combat, Véronique Alzieu reçoit Charles-François Mathis. Il est l'un des auteurs de l'ouvrage "Une histoire des luttes pour l'environnement - 18e - 20e, Trois siècles de débats et de combats" (éd. Textuel).
L’histoire environnementale est une nouvelle discipline née il y a une cinquantaine d’années aux États-Unis. Son objet d’étude : l’histoire des relations entre les hommes et leurs environnements, comment les hommes l’ont transformé et comment l’environnement influence les sociétés humaines.
Cette discipline peine à s'institutionnaliser en France. Un ouvrage paru en septembre dernier lui donne toutefois une belle visibilité : "Une histoire des luttes pour l'environnement" (éd. Textuel). Il est le fruit des travaux d'Anne-Claude Ambroise-Rendu, de Steve Hagimont, de Charles-François Mathis et d'Alexis Vrignon. Leur objectif : déconstruire le récit selon lequel les luttes environnementales sont apparues dans les années 70.
Dans l'histoire des relations entre l'homme et son environnement, on note un tournant au milieu du XVIIIe siècle. Il y a les explorations et les avancées de la science qui montrent la diversité du monde vivant et permettent de mieux le connaître - mieux l'exploiter aussi. C'est aussi le début de la révolution industrielle. Tout cela va transformer "le rapport au monde et au temps" explique Charles-François Mathis. "On se projette dans un avenir, demain sera différent d’aujourd’hui, sera meilleur : c’est le grand récit du progrès qui se met en place à ce moment-là."
Le XVIIIe siècle, c’est aussi le siècle des Lumières. "Les Lumières en tant que telles confortent en quelque sorte une séparation entre nature et culture, qui est le socle de la modernité, comme a voulu montrer Bruno Latour en le critiquant." Mais paradoxalement, avec le rousseauisme et la pensée romantique, les Lumières ont induit "une nouvelle sensibilité à l’environnement".
En Europe, mais aussi un peu partout dans le monde, c’est a posteriori que les mouvements de contestation se sont d’abord fait entendre. C’est-à-dire une fois les dégâts sur l’environnement constatés. Cela pouvait être le fait de populations locales devant la gestion de certains milieux naturels ou encore d’ingénieurs devant les conséquences de la déforestation dans les territoires coloniaux. Mais aussi la mobilisation d’artistes opposés à la destruction d’un paysage.
Ainsi, les peintres de l’école de Barbizon dans les années 1830 et 1840. Opposés à la coupe d’arbres dans la forêt de Fontainebleau et au développement des carrières, ils se sont mobilisés sous la houlette de Théodore Rousseau. Leur mouvement de contestation a conduit à la publication d’un décret de Napoléon III en 1861 qui protège un peu plus de 1.000 hectares de forêt.
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