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Les oiseaux de papier, la tragédie des Kolbars du Kurdistan iranien

Un article rédigé par STEPHANIE GALLET - RCF, le 2 février 2024 - Modifié le 2 février 2024
La BD de la semaineLes oiseaux de papier, la tragedie des Kolbars du Kurdistan Iranien

Les oiseaux de papier de l’iranien Mana Neyestani vient d’obtenir une mention spéciale au jury œcuménique de la BD à Angoulême. Un album sobre et poétique sur le destin tragique de ces porteurs kurdes qui passent la frontière au péril de leur vie. Les oiseaux de papier est édité aux édition ça et là à retrouver dans la chronique BD de Stéphanie Gallet.

couverture de la BD les oiseaux de papiercouverture de la BD les oiseaux de papier

Le festival international de la bande dessinée d'Angoulême a refermé ses portes et je voudrais attirer votre attention sur Les oiseaux de papier. Un album qui était dans la sélection officielle et qui a obtenu une mention spéciale du jury oecuménique de la bande dessinée 

Une histoire dans un décor vertigineux 

Nous sommes à la frontière entre l'Iran et l'Irak dans les hautes montagnes du Kurdistan iranien, dans ces monts Zagros qui culminent à plus de 4000 mètres. La vie y est très dure, le climat rigoureux. Pour survivre, les hommes du village font de la contrebande. A dos d'hommes, ils font passer toutes sortes de marchandises : des cigarettes, des habits, des frigos,  des climatiseurs, des télé … Pour cela, ils prennent des risques énormes, s'avancent sur des sentiers au bord de l'abîme en tentant d’échapper aux gardes-frontières qui ont pour ordre de tirer à vue. Ces passeurs, ont les appelle les kolbars. Ils sont eux-même les victimes de bandes mafieuses qui exploitent leur misère.

Quand l'histoire commence, nous découvrons les différents protagoniste d'un convoi qui s'apprêtent à partir à travers la montagne pour aller chercher de la marchandise. Ils sont rassemblés sur la place du village, la météo n'est pas très favorable. Il y a Jalal, dit l’ingénieur, un jeune homme diplômé de l'université mais sans travail, un viel homme avec sa prothèse de jambe, un homme de petite taille un peu bedonnant qui est la risée des autres, un enfant qui vient remplacer son frère mort lors d'un précédent convoi … Car oui la mort est une compagne de chaque instant.

La troupe est donc constituée et le périple va pouvoir commencer mais vous l’imaginez un drame va se nouer.

 

La BD de la semaineLes oiseaux de papier, la tragedie des Kolbars du Kurdistan Iranien

Un drame de la misère 

On les regarde. Au début, on découvre les différentes interactions entre eux, c’est plutôt drôle et puis au fur et à mesure la tension monte jusqu’au moment où il n’est plus possible de faire marche arrière. Mais qui est donc cette vieille femme qui semble les suivre.

Une histoire d'amour tragique

Au cœur de cette histoire qui met en avant les conditions de vie et l'exploitation de ces Kolbars, il y aussi une histoire d’amour tragique. Jalal part dans la montagne et au village il y a la belle Rojan qui l’attend. Telle Pénélope, elle tisse des tapis dans son modeste logis. Ils s’aiment mais leur amour est impossible. 

 

Leur histoire, c’est celle de tous ces jeunes gens à travers la planète dont la vie est empêchée.  Empêchée par la précarité économique, empêchée par la cupidité des hommes, empêchée par des traditions et des réflexes arriérés.

Il y a ces mots terribles de Rojan : C’est comme si nous n’existions pas, nous sommes là mais nous ne sommes pas là , on dirait que nous sommes des fantômes, le prolongement de l’ombre des morts, les ombres des personnes qui gisent sous terre depuis des siècles.

Ou quand elle évoque sa mère qui a laissé ses rêves bouillir dans ses casseroles pendant des années, des cadavres parfumés au cucurma et à l’aneth.

Cet album est signé Mana Neyestani. Ce dessinateur est un dissident iranien qui vit en France depuis 2011. Son travail symbolise la défiance du peuple iranien vis-à- vis des autorités.

Les oiseaux de papier est un album en noir et blanc ou seuls les tapis et la poésie de Rohan amènent un peu de couleur.

Les oiseaux de papiers, c’est aussi une image sur le pouvoir de l'imagination. Un oiseau en papier ça ne vole pas sauf si on ferme les yeux.

Un beau regard sur une tragédie de notre monde.

 

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
La BD de la semaine
©RCF
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