Les Tabaguet, marbriers et sculpteurs dinantais aux XVIe et XVIIe siècles.
Dinant, bonne ville de la principauté de Liège et ville hanséatique, fut un carrefour européen
de premier plan dans le commerce du marbre. La dynastie Tabaguet représenta l’une des plus importantes familles de marbriers dinantais, elle commerça avec toute l’Europe et fournit des
marbres noirs ou jaspés pour maints monuments prestigieux.
Jean Tabaguet et Giovanni d’Enrico, Portement de croix, détail, Varallo, Sacro Monte. Cliché Wikipédia.Les prémices
Actif comme batteur de cuivre dans la première moitié du XVIe siècle, Perpète Wespin dit Tabaguet introduit le métier du marbre dans sa famille en épousant une demoiselle de la famille Nonnon, qui exploitait depuis plusieurs générations le fameux marbre noir de Dinant. Son fils, Guillaume Tabaguet, étend largement le réseau commercial de son père et fournit des marbres pour des monuments prestigieux, comme la cour carrée du palais du Louvre ou la rotonde des Valois érigée par Catherine de Médicis à Saint-Denis.
L’exil italien
Les deux premiers fils de Guillaume, Jean et Nicolas, se forment à la sculpture avant de s’expatrier en Italie. Autour de 1600, ils modèlent des sculptures en terre cuite pour divers Sacri Monti, ces curieux ensembles de chapelles de la région de Milan et de Turin montrant des reconstitutions, souvent en grandeur naturelle, de scènes bibliques.
Du marbre dans toute l’Europe
Le troisième fils, Guillaume Tabaguet II, perpétue à Dinant l’œuvre de son père dans la première moitié du XVIIe siècle. Il s’associe souvent à de multiples sculpteurs auxquels il fournit du matériau : les Thonon, le Namurois Thierry Bidard, la Valenciennois Adam Lottman. On trouve des monuments intégrant ses marbres à Paris, Saint-Omer, Tournai, Nancy, Charleville, Ciney…Une des filles de Guillaume II épouse le sculpteur cambrésien Jaspar de Marsy, dont sont issus plusieurs sculpteurs français importants. Le moindre n’est pas Pierre Legros le Jeune, l’un des plus importants sculpteurs actifs à Rome vers 1700 ; il est l’auteur de l’extraordinaire gisant de saint Stanislas Kostka à Saint-André-du-Quirinal, dont le marbre noir provient de Dinant.
À la fin du XVIIe siècle, l’entreprise continue à prospérer sous la conduite de Philippe-Georges, successeur de Guillaume II Tabaguet. Elle fournit, par exemple des marbres rouges et noirs pour les appartements de Louis XIV à Versailles, du marbre jaspé pour le maître-autel de l’église du Val-de-Grâce à Paris, pour des autels de la cathédrale de Laon ou encore de la collégiale de Dinant.
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