Au XIème siècle, Bernard, chanoine d'Aoste, fonde un lieu pour accueillir les pèlerins et voyageurs qui bravent les dangers de la traversée des Alpes. Mille ans plus tard, la communauté des chanoines et toujours présente ! Ainsi que les fameux chiens Saint-Bernard, nés ici. Découverte de ce lieu, à la frontière entre Suisse et Italie.
"Bienvenue dans ce lieu béni, baigné de lumière" lance Lucie, bénévole québécoise, avec un grand sourire. Nous avons franchi la porte de l'hospice du Grand-Saint-Bernard. Nous sommes à près de 2500 mètres d'altitude, dans le canton Suisse du Valais, à 200 mètres de la frontière avec l'Italie. "Par ici vous avez l'église, en dessous la crypte, de l'autre côté du couloir, le trésor. Et ici une vidéo qui vous présente les lieux et leur histoire !". Un bâtiment plein de chaleur, avec ses boiseries et ses grandes tables conviviales. "Un jour on m'a demandé si c'était un hôpital, c'est vrai que vu de dehors, c'est austère. On est surpris en rentrant" s'amuse la québécoise.
"Il a voulu accueillir et protéger les pèlerins et les voyageurs qui risquaient la traversée des Alpes" explique Jean-Michel Lonfat, prieur de la communauté. Depuis, les chanoines du Grand-Saint-Bernard perpétuent cette tradition d'accueil. "Au quinze octobre, la route ferme pour huit mois. L'hospice n'est accessible qu'en raquette ou en skis de randos !".
Brouhaha dans le couloir. Des randonneurs viennent d'arriver, posant leurs lourds sacs à dos. Un grand groupe de cent paroissiens de la vallée d'Aoste déboule dans le couloir, pour aller s'installer dans l'église. Raphaël, les accueille avec un italien parfait : "Bonjour à tous, vous avez fait bonne route ? Je vous souhaite la bienvenue, de la part de la communauté du Grand-Saint-Bernard. Je suis Raphaël, chanoine. Voilà notre prieur Jean-Michel, prêtre aussi. Il y a aussi Anne-Marie, laïque consacrée associée à notre communauté. Et il manque Olivier, oblat. Vous voyez que nous sommes 4, avec 3 statuts différents. C’est une belle représentation de la richesse de l’Eglise aujourd’hui !"
"Ding-Ding" sonne la clochette, actionnée par Anne-Marie Maillard, laïque associée à la communauté. Une clochette qui annonce tous les repas et les offices. "Notre vocation est d'accueillir, de rencontrer chacun. C'est prenant, un vrai tourbillon ! Ces prières régulières nous reconnectent avec le Seigneur. Sans lui, rester dans cette montagne n'aurait pas de sens !". Sous l'église baroque, la crypte accueille l'office. Moderne, silencieuse, elle est coupée de l'agitation de la maison. Pèlerins, randonneurs et touristes d'un jour sont invités aux offices.
"Depuis 2005, la congrégation nous a confié l'élevage à la fondation Barry" explique Madeleine Wagner, chargée de la communication de la fondation. "Trente chiens vivent toute l'année à Martigny, en plaine. Douze chiens montent tous les étés au col. Les visiteurs peuvent alors les accompagner en randonnée dans la montagne". Les chiens ont été utilisés à partir du XVIIème siècle pour la garde, puis pour le secours en montagne. Ils traçaient la route des chanoines, qui partaient s'assurer, chaque jour, que personne n'était en perdition dans la montagne. Depuis, les caractéristiques physiques de la race ont évolué. "Aujourd'hui les chiens que nous gardons à la fondation font de la thérapie canine, dans les écoles, les Ehpad ou auprès des personnes handicapées" explique Chiara, gardienne d'animaux à la fondation. "C'est un plaisir de les voir profiter de la montagne. Ils aiment être ici... Et nous aussi !".
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