Traditionnellement, il y a peu de sorties en salles au moment du festival de Cannes. Mais j’avais envie de parler d’un petit film imparfait mais au charme certain et qui m’a touché, "L’improbable voyage d’Harold Fry".
Le festival de Cannes vient de se terminer. Que retenir de cette édition 2023 ? Une compétition de très bon niveau avec plusieurs films majeurs qu’on retrouve dans le palmarès assez équilibré du jury. Dont un prix d’interprétation masculine pour l’acteur principal du film "Perfect Days" de Wim Wenders, qui a par ailleurs obtenu le prix du jury œcuménique. Parler de chefs d’œuvre est galvaudé mais tous les principaux prix attribués à "Anatomie d’une chute", "The Zone of Interest", "Les Feuilles mortes", "Monster" et "Les Herbes sèches" sont amplement mérités. Il y a juste quelques oubliés pour moi…
Les films que j'aurais aimé voir figurer au palmarès ? Le film de Nanni Moretti, "Vers un avenir radieux", est un grand cru du réalisateur italien, un film somme qui réunit sa passion du cinéma, son engagement en politique, sa vision du couple, de la force du collectif, avec toujours son mélange unique d’humour et de nostalgie. Tout ce que j’aime !
Deux autres films italiens remarquables : il y en avait trois en compétition cette année ! Sur vingt-et-un, c’est beaucoup pour un seul pays ! Une manière de couper l’herbe sous le pied à la Mostra de Venise qui a lieu fin août et qui est le principal voire le seul concurrent du festival de Cannes ! Celui deMarco Bellocchio, "L’Enlèvement". Toujours très à charge contre les institutions de son pays, il s’attaque ici à l’Église en relatant un drame sous le pontificat du pape Pie IX, qui a marqué la fin d’une époque pour l’Italie.
Plus original, "La Chimère", d'Alice Rohrwacher, qui comme son nom ne l’indique pas, est aussi italienne. Elle tisse au fil des années une œuvre très cohérente, assez originale, à la croisée de plusieurs genres cinématographiques, avec une poésie et une créativité incroyables.
Traditionnellement, il y a peu de sorties en salles au moment du festival de Cannes. Mais j’avais envie de parler d’un petit film imparfait mais au charme certain et qui m’a touché : "L’improbable voyage d’Harold Fry", adapté d’un roman à succès, où un vieil homme entreprend de traverser l’Angleterre à pied, pour rejoindre une vieille amie sur le point de mourir. Il ne l’a pas revue depuis longtemps, depuis qu’un drame les a séparés, et part sans rien, à la suite d’une lettre et d’une remarque totalement fortuite que lui fait la caissière à son supermarché.
Le film a des défauts, on peut le trouver gentillet, un peu trop mélo par moment, être agacé par l’utilisation répétitive des flash-backs pour illustrer les souvenirs d’Harold Fry, et sa relecture de vie qu’il fait en marchant. Mais j’ai été touchée par cet homme, qui au seuil de son existence sur terre bouleverse totalement son ordre des choses pour aller vers l’essentiel, réparer ce qui doit l’être et s’abandonner à une forme de providence.
Le film nous parle de deuil, de culpabilité, d’amour, et même de foi ! C’est rare au cinéma aujourd’hui... Et il est porté par deux formidables acteurs délicieusement "british" : c’est Jim Broadbent, qu’on a vu dans des films comme "Harry Potter", "Bridget Jones" ou ceux du grand réalisateur anglais Mike Leigh. Et dans le rôle de sa femme, c’est Penelope Wilton, autre actrice anglaise immortalisée en Lady Merton dans la série "Downton Abbey".
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