Depuis la publication de son premier roman "Le livre des nuits" (éd. Gallimard) en 1985, Sylvie Germain construit une œuvre singulière, puissante, couronnée de nombreux prix littéraires. Elle a notamment reçu le Grand prix SGDL de littérature pour l'ensemble de son œuvre. En 2019, l'écrivaine a publié "Le Vent reprend ses tours" (éd. Albin Michel), dont le titre est emprunté à la Bible. On trouve d'ailleurs de nombreuses traces des Écritures saintes dans ses textes, qui questionnent l'absence ou la présence de Dieu, mais aussi la beauté ou l'expérience du mal.
En 2019, Sylvie Germain a oublié un roman dont le titre, "Le Vent reprend ses tours" (éd. Albin Michel), est tiré de l'Ancien Testament, du Livre de l'Ecclésiaste plus précisément. Un livre de la Bible qui propose un questionnement sur l'existence.
"Allant vers le Sud, tournant vers le Nord, tournant, tournant, va le vent et le vent reprend ses tours." (Ecc 1, 6) Ce verset de la Bible, on peut entendre de façon pessimiste ou positive, selon que l'on voit "la circularité close" du mouvement du vent, suggérant l'idée qu'il n'y a "rien de nouveau sous le soleil" (Ecc 1,9). "Il y a de ça aussi parfois dans nos vies et hélas dans l'Histoire, le retour perpétuel de conflits, de guerres de jalousies", exprime Sylvie Germain. Mais le vent qui se remet à tourner, c'est aussi l'idée du souffle, qui "réintroduit de l'espace, du mouvement, de l'air, de la vie".
Dans son roman, Sylvie Germain raconte "des histoires d'individus". "Il y a toujours l'Histoire qui est derrière et qui se répercute sur la vie des gens." On suit la trajectoire de Nathan, qui, après une enfance triste et solitaire mais illuminée par la figure d'un saltimbanque, part à sa recherche une fois devenu adulte. Une quête qui le conduit en Roumanie.
Le héros va découvrir que cet homme, qui lui a fait voir la beauté de la vie, a pourtant vécu la guerre et traversé bien des épreuves. "Le drame justement de tous ces conflits, de toutes ces guerres, c'est qu'il n'y a pas seulement des milliers, de millions de morts pendant que ça se passe, mais après sur une à deux (voire plus) générations, il y a des répercussions."
"Je n'ai pas une si grande connaissance que ça de tous ces textes", confie Sylvie Germain en parlant de la Bible. Ce qui ne l'empêche pas de se sentir "complètement pénétrée" par certains livres. Comme un passage du Premier Livre des rois, un passage "fondateur" pour l'écrivaine. "Je crois que c'est un texte fondateur pour l'ensemble de la mystique chrétienne, qu'elle soit orientale ou occidentale."
Le Seigneur dit : « Sors et tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur, car il va passer. » À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère.
(1R 19, 11-12)
"Le murmure d’une brise légère..." Pour Sylvie Germain, ce passage de la Bible montre que Dieu n'est pas dans le spectaculaire ou dans l'outrancier. La façon dont Dieu se manifeste est "fugace , minimale, dénudée". Le philosophe Emmanuel Levinas disait qu'elle ressemble à "une voix de fin silence".
Émission d'archive diffusée en septembre 2019
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