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L’olympisme, reflet du monde, par Guillaume Goubert

Un article rédigé par Guillaume Goubert - RCF, le 21 mai 2024 - Modifié le 21 mai 2024
Les Histoires de l'artL’olympisme, reflet du monde

LA CHRONIQUE DE GUILLAUME GOUBERT - Le Musée national de l’histoire de l’immigration au Palais de la porte dorée à Paris, propose une exposition qui raconte l'histoire des olympiades depuis Athènes en 1894 jusqu’en Paris en 2024.

Jeux olympiques de Mexico, 1968. Podium du 200 m © Getty ImagesJeux olympiques de Mexico, 1968. Podium du 200 m © Getty Images

Jeux olympiques oblige, il y a en ce moment  de très nombreuses expositions consacrées au sport et aux JOP. Ce qui ne veut pas dire Jeux olympiques de Paris mais Jeux olympiques et paralympiques. Parmi ces expositions j’en ai sélectionné une qui ne concerne ni l’art, ni le design ni l’architecture, mes sujets habituels. L’expo dont je vais vous parler est consacrée à l’histoire de l’olympisme. Elle nous est proposée par le Musée national de l’histoire de l’immigration au Palais de la porte dorée à Paris. Une exposition toute simple et tout à fait passionnante qui nous raconte les olympiades une par une depuis Athènes en 1894 jusqu’en Paris en 2024. On y voit des photos, des films, des affiches, des objets variés, depuis un cheval d’arçon jusqu’à une chaussure du légendaire sprinter Carl Lewis. Les panneaux explicatifs sont didactiques, pas du tout bavards. Bref, une expo pour tous les âges.

Qu’en avez-vous retenu ?

Exactement ce que formule le titre de l’exposition :  « Olympisme, une histoire du monde ». Il est frappant de voir à quel point les Jeux olympiques modernes sont imbriqués dans leur époque, comment ils subissent les conséquences tragiques de l’histoire avec sa grande hache, pour reprendre une expression de l’écrivain Georges Perec, comment ils illustrent aussi les évolutions sociétales souvent pour le meilleur.
S’agissant de la grande hache, il n’y a pas seulement eu l’annulation des jeux durant les deux guerres mondiales. Les jeux de Berlin, en 1936, ont subi l’impact du nazisme, ce qui aurait dû alerter davantage sur la dictature hitlérienne. Des années 1950 aux années 1990, les JO ont été un des terrains symboliques de la guerre froide et de l’affrontement entre États-Unis et Union soviétique.
Sur le plan sociétal, on peut citer l’ouverture très progressive aux femmes, l’affirmation des pays du Sud, le refus du racisme et l’émergence des sports paralympiques, vecteur de reconnaissance des personnes porteuses de handicap. Tout cela est illustré très concrètement dans l’exposition avec des cas individuels frappants.

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Par exemple ?

Je vais en citer deux. D’abord l’aventure de l’athlète éthiopien Abebe Bikila qui a remporté deux fois le marathon olympique, à Rome en 1960 et à Tokyo en 1964. Sa victoire à Rome fut un événement historique car ce fut la première victoire d’un sportif africain aux JO. La mémoire a surtout retenu qu’il avait couru les pieds nus. Mais il faut aussi souligner qu’il a franchi la ligne d’arrivée sous l’arc de Constantin, c’est-à-dire à l’endroit même où, 25 ans auparavant, Mussolini avait exhorté les troupes fascistes à envahir l’Ethiopie, le pays natal d’ Abebe Bikila. On peut parler d’une revanche symbolique et pacifique.
Deuxième exemple, le podium des médailles pour le 200 m aux JO de Mexico. À cette occasion, deux athlètes américains noirs, Tommie Smith et John Carlos, ont levé le poing pour manifester contre la ségrégation raciale aux États-Unis. Une image très célèbre où figure un troisième athlète, blanc, qui semble étranger à ce qui se passe. J’ai appris à cette expo que pas du tout. Cet athlète australien, dénommé Peter Norman, portait un badge de soutien à ses camarades américains. Ce qui lui valut des sanctions même si elles furent moins sévères que pour les deux autres. À la mort de Peter Norman, en 2006, Tommie Smith et John Carlos sont venus aux funérailles pour porter son cercueil.

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