L'Opéra Garnier, fleuron de l'architecture française, par Guillaume Goubert

Nous allons évoquer un des plus célèbres bâtiments de Paris, son opéra, dont on célèbre ces jours-ci le 150e anniversaire. Il s’agit de la salle que l’on appelle l’Opéra Garnier alors que la capitale est dotée depuis 1989 d’une seconde salle d’opéra, place de la Bastille. Une première remarque : il est très rare qu’un bâtiment soit désigné par le nom de son architecte, en l’occurrence Charles Garnier. Ensuite, notons que l’Opéra Bastille, signé de l’architecte uruguayen Carlos Ott, n’a pas détrôné la salle Garnier. Quand on dit « Opéra de Paris », l’image qui vient aussitôt dans les esprits est celle du bâtiment situé
dans le quartier de la Chaussée d’Antin. Comment expliquer le prestige de ce bâtiment ?

Un bâtiment à l'emplacement unique

Avant de parler de son architecture, il faut souligner à quel point le bâtiment bénéficie d’un emplacement privilégié, au cœur de la ville. Napoléon III en lançant ce projet en 1860 choisit un lieu situé au cœur même de ce que l’on appelle le Paris Haussmannien, c’est-à-
dire la capitale moderne mise en place par le préfet de la Seine, Eugène Haussmann. La construction de l’opéra s’accompagne du percement d’une avenue dans le seul but d’assurer un lien direct avec le palais des Tuileries, lieu de résidence de l’empereur. C’est
dire l’importance que Napoléon III accordait à ce projet pour affirmer le prestige de son régime et celui de la capitale. D’ailleurs, la IIIe République n’a pas renié ces objectifs puisque le chantier fut repris après la chute du Second empire jusqu’à l’inauguration en janvier 1875.

Le choix du projet

Le projet de Charles Garnier a été choisi à l’issue d’un concours auquel ont été soumis 171 projets. Les pronostics donnaient vainqueur Eugène Viollet-le-Duc, celui qui a restauré Notre-Dame, très apprécié de l’impératrice Eugénie. Et, finalement, c’est un jeune homme de 36 ans n’ayant quasiment rien construit qui est désigné lauréat. Charles Garnier est d’origine modeste mais il a suivi une voie royale : les Beaux-Arts de Paris, le grand prix de Rome et cinq ans de séjour à la Villa Médicis à Rome. Force est de constater que Charles Garnier a su concevoir puis mener à bien une œuvre d’art total qui impressionne aujourd’hui encore par sa profusion décorative. Garnier l’avait bien exprimé lui-même : « Il faut que cet exubérance de sensations qui jaillit de l’art lyrique, soit encore complétée par l'impression d'abondance qui jaillit de l'architecture. » Garnier a fait appel à de très nombreux peintres et sculpteurs pour orner le bâtiment, dont beaucoup d’anciens condisciples de la Villa Médicis. L’œuvre la plus célèbre est le groupe sculpté « La Danse » de Jean-Baptiste Carpeaux, situé sur la façade.

De petits détails qui font tout 

Cependant on aurait tort de réduire ce bâtiment à sa décoration. Il faut aussi souligner combien ses différents espaces sont disposés d’une manière rationnelle. Le bâtiment est d’ailleurs très « lisible » vu de l’extérieur avec la coupole qui couronne la salle et la grande
cage de scène qui domine le tout. Garnier n’a pas craint d’utiliser des techniques alors nouvelles comme les charpentes métalliques, même s’il les a dissimulées derrière de la pierre.
Pour ceux qui voudraient en savoir plus, je recommande vivement un ouvrage récemment paru : « L’Opéra Garnier, dessins pour un chef-d’œuvre », de Mathias Auclair aux éditions Gourcuff Gradenigo. On y voit notamment les magnifiques dessins réalisés par Garnier au fur et à mesure du projet.