Il y a 40 ans disparaissait le comique préféré des Français. Le 27 janvier 1983, Louis de Funès tirait sa révérence à 68 ans et laissait un vide immense. Des Fantômas à la série des Gendarme en passant par Le Corniaud, La Grande Vadrouille jusqu’aux Aventures de Rabbi Jacob, on ne compte plus les films cultes aux dialogues savoureux. Mais la place de la musique dans les films à succès de Louis de Funès, ceux des années 60 et 70, était aussi prépondérante. On y croise quantités de grandes signatures comme Michel Magne, Georges Delerue ou Vladimir Cosma.
Être quarante ans après, encore capable de séduire différents publics sur la seule force du ressort comique, voilà la vraie force de Louis de Funès, acteur inimitable qui avait su garder son âme d’enfant. Avant de devenir la star que l’on connaît, cet homme-orchestre des zygomatiques, était resté pourtant très longtemps cantonné à des seconds rôles avant d’exploser au grand jour au tournant des années 60.
Longtemps abonné à des rôles de faire-valoir, puis des seconds rôles –il avait déjà tourné près de cent films (!) avant Le Gendarme de Saint-Tropez, de Jean Girault et Fantomas, d’André Hunebelle- Louis de Funès explose en 1964. Deux rôles récurrents, celui du maréchal des logis chef Ludovic Cruchot et du commissaire Juve, vont assurer à l’acteur une immense notoriété. Il y aura notamment trois Fantômas dont le dernier en 1967, Fantômas contre Scotland Yard, dont la partition musicale est signée, comme les deux précédentes, Michel Magne.
Georges Delerue a composé la musique de deux films avec Louis de Funès en vedette : Hibernatus en 1969 et Le Corniaud en 1965. L’été, une belle Américaine sur les routes italiennes et le youkounkoun, le plus gros diamant du monde que doit convoyer à son insu Bourvil, un petit employé parisien souhaitant visiter l’Italie pour ses vacances. Un bien encombrant passager que téléguide à distance Léopold Saroyan, un gangster joué par Louis de Funès qui a truffé de produits illégaux la Cadillac de location qu’il lui a refourgué après un mémorable accident. Un véritable trésor roulant qui va donner lieu aux situations les plus cocasses. Voilà pour le résumé du Corniaud qui totalisa, excusez du peu, le score exceptionnel de 11,5 millions de téléspectateurs à sa sortie en salles.
“J'ai été poussé malgré moi vers le vedettariat.”
En cette année 1965, Louis de Funès est au sommet de son art et reprend le costume du maréchal des logis chef Ludovic Cruchot, le rôle taillé à sa mesure par Jean Girault, pour un second opus qui le mène cette fois en Amérique. Le morceau Entrecôte Story de Raymond Lefevre est clin d’oeil à la célèbre comédie musicale West Side Story, de Robert Wise et Jerome Robbins. Voilà la brigade aux Etats-Unis pour représenter la France à un congrès international de la gendarmerie. Déboussolée par le gigantisme américain en même temps que par les coutumes culinaires bien différentes, la petite troupe se met en tête de partir sur la trace d’une bonne entrecôte bien française. Mais pas simple au pays du Coca Cola et des hamburgers de trouver une belle pièce de Charolais… L’expédition prend des allures de jeu de piste pour Louis de Funès qui se fait subtiliser le précieux paquet par un voyou. Il décide alors de le suivre puis de l’arrêter dans un quartier mal famé avec le panache qui lui sied.
On ne se lasse pas de regarder La Grande Vadrouille, bijou de drôlerie et longtemps recordman français du nombre d’entrées en salles. Bourvil, Louis de Funès, Gérard Oury à la réalisation, Georges et André Tabet aux dialogues, et la musique de Georges Auric. Autant de madeleines de Proust pour nombre d’entre nous dont on a déjà tout dit ou presque. Pour mémoire, Louis de Funès interprète sous l’Occupation un chef d’orchestre acariâtre qui va se retrouver, malgré lui, fugitif après avoir aider un aviateur anglais dont le parachute s’est accroché sur le toit de l’opéra de Paris.
“À partir de la cinquantaine, je le dis comme je le pense, on n'est plus qu'un vieux cabot.”
C’est François de Roubaix, compositeur à l’inventivité sans limites, musicien en avance sur son temps et bidouilleur de génie, trop tôt disparu, qui écrit en 1970 la partition devenue mythique de L’Homme orchestre. Une fantaisie kitsch et pop selon les critères actuels, diablement efficace et qui constitue la pierre angulaire du film de Serge Korber, L’Homme orchestre. Une comédie où Louis de Funès donne, comme toujours, de sa personne en chorégraphe tyrannique d’une école de danse. Les scènes d’anthologie se multiplient. Louis de Funès gesticule et danse.
Le générique est ô combien célèbre. En 1971, pour La Folie des grandeurs, réalisé par Gérard Oury, la bande originale est confiée à un certain Michel Polnareff, lequel s’est à l’évidence beaucoup amusé pour composer le générique d’ouverture du film en total décalage avec l'époque sensée se dérouler dans l’Espagne du XVIIe siècle. Cordes haletantes et tempo galopant, l’auteur de Lettre à France privilégie les grandes envolées et parodie, au passage, les ambiances de westerns spaghettis en vogue en ce début des années 70. Une décennie très faste, aussi, pour Louis de Funès dans cette libre adaptation de Ruy Blas, de Victor Hugo, où l’acteur, qui joue le très cupide Don Salluste, s’en donne à cœur joie face à son valet incarné par Yves Montand qui a remplacé Bourvil, pressenti à l’origine mais disparu, quelques mois auparavant. Avec 5,5 millions d’entrées, le film sera un colossal succès en salles.
Louis de Funès retrouve Gérard Oury en 1973 pour un film à la partition échevelée qui va faire date. On ne présente plus Les Aventures de Rabbi Jacob qui fait un triomphe en salles en cette première moitié des années 70. C'est aussi la quatrième collaboration entre Louis de Funès et Gérard Oury, et aussi la dernière. Trois ans avant L’Aile ou la cuisse, de Claude Zidi, Vladimir Cosma convoque ses origines slaves et compose pour l’occasion une partition baignée par le folklore ashkénaze et la musique klezmer d’où émerge le tonitruant titre du Grand Rabbi, morceau de bravoure associé à la scène inoubliable de la danse hassidique dans le décor naturel de la rue des Rosiers dans le quartier juif du Marais à Paris.
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