Depuis 1984, des millions de téléspectateurs l'ont vue dans le Journal de 20h sur France 2. Non pas derrière un bureau mais sur le terrain, en direct depuis la ville de Sarajevo assiégée, depuis Bagdad durant les deux guerres du Golfe, en Libye ou encore en Syrie récemment. Martine Laroche-Joubert est grand reporter, spécialiste des zones de conflits. Elle a décidé de prendre la plume pour raconter son métier, sa passion et aussi sa colère face à la menace qui pèse sur sa profession. Dans "Une femme au front" (éd. Cherche Midi), elle écrit : "Rien n'annonçait ce livre, et longtemps je n'ai guère vu de raisons de l'écrire. Et puis il m'a semblé qu'il serait peut-être temps d'essayer de montrer pourquoi je crois ce métier si nécessaire. Pourquoi aussi je l'aime tant."
Un mot traverse le livre de Martine Laroche-Joubert, "liberté". La liberté d'une enfant qui entre trois et quatre ans a grandi dans le sud du Maroc. Et dont les sensations - "le vent du désert, la poussière, les cavalcades de chevaux, la neige sur les sommets de l'Atlas"... - sont encore présentes. Pourtant, éprouver de la nostalgie n'est pas dans la "nature" de cette femme énergique et déterminée, qui "aime être là où ça se passe : c'est le métier de grand reporter qui veut ça".
Martine Laroche-Joubert n'aime pas non plus parler d'elle, pas plus que se mettre en scène en reportage - une tendance actuelle qu'elle trouve "complètement absurde", d'autant plus que le reportage est "toujours subjectif, on y met toujours de soi". Nul besoin d'en rajouter.
L'auteure de "Une femme au front", livre très autobiographique, accepte toutefois de parler d'elle. De son éducation dans "des institutions catholiques à la réputation extrêmement rigide". De ses parents avec qui il était difficile de communiquer. Même les dominicaines du Saint-Esprit, à Saint-Cloud, étaient "affolées" par la "sévérité" de son père. Lui qui l'a pourtant encouragée à lire des livres. "La lecture m'a sauvée, comme je n'aimais pas ma vie, grâce aux livres je suis entrée dans d'autres mondes."
C'est à son ex-mari que Martine Laroche-Joubert doit d'avoir débuté sa carrière de journaliste, lui qui l'a encouragée à postuler au Quotidien de Paris. Au cours de sa carrière, quatre rencontres l'ont profondément marquée : le Père Pierre Ceyrac, Nelson Mandela, Stéphane Hessel et Pierre Soulages, trois hommes qui l'ont profondément impressionnée par leur grande "simplicité".
Lorsque, en Haïti, elle a découvert qu'elle ne "cédait pas à la panique" dans une situation pourtant extrême, elle a compris qu'elle était faite pour être reporter de guerre. "Une des qualités du reporter de guerre, c'est d'accepter d'avoir peur mais ne pas céder à la panique."
Ce qu'elle aime dans ce métier, c'est "aussi percer les tréfonds de la nature humaine : la nature humaine se révèle beaucoup dans les moments intenses". L'homme y est capable du pire comme du meilleur. "Au fur et à mesure, je me suis rendue compte de la chance que j'avais d'aller sur ce genre de terrains."
Émission d'archive diffusée en août 2019
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