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Son évasion en hélicoptère, le 26 mai 1986, on en parle encore : une évasion spectaculaire de la prison de la Santé, en plein cœur de Paris. Michel Vaujour a été pendant des années l'homme le plus recherché de France, surnommé 'le roi de la cavale', a aussi passé 27 ans en prison, dont quelques années en cellule d'isolement. Depuis 2003, il est un homme libre et 'apaisé', comme il le dit dans son livre 'L'amour m'a sauvé du naufrage' (éd. XO). Un homme 'sauvé' par l'amour de sa femme, Djamila. Et si tout ce qu'il a pu faire, ses bêtises, ce qu'il a vécu en prison, et si tout cela n'était autre qu'une quête d'amour ? Ça, il l'a 'compris il n'y a pas très longtemps', juste avant d'écrire son livre - dont il aurait aimé que le tire soit 'Les chemins de l'amour'.
'Le cœur de l'homme c'est l'enfance', écrit-il dans son livre : ce que Michel Vaujour a 'compris dans la solitude' en prison. 'L'enfance, ça m'accompagnait partout, les images de mon enfance me revenaient, c'était les seules images qui m'importaient.' Et pourtant, son enfance n'a pas été si simple. Michel Vaujour a vécu un traumatisme, celui d'être abandonné par ses parents.
En fait d'abandon, il a été confié à sa tante Germaine. Il n'empêche, Michel Vaujour a toujours a vécu cela comme un abandon. 'Je l'ai tellement mal vécu probablement que je n'ai plus aucun souvenir de cet abandon.' Un sentiment quelque part au fond de lui, mais si fort qu'à sa sortie de prison, le jour où il a été libéré, en ayant sa mère au téléphone il a pleuré - des larmes qui auparavant, durant toutes ces années de galère et de violence, n'avaient jamais coulé. Ça s'est passé quand sa mère lui a dit 'C'est ta tante qui aurait été contente ! D'une certaine façon c'était ta deuxième mère !' Là, 'au plus profond de moi ça a hurlé, non ma première mère c'est toi ! Et j'ai explosé en pleurs, c'était la première fois dans tout ce chemin que je lâchais des larmes.'
©Bruno LÉVY / éditions XO - Quand il était enfant, 'l'Église et la forêt' étaient les 'châteaux forts' de Michel Vaujour
Quand sa tante Germaine meurt d'un cancer, Michel est de nouveau confié à ses parents - un père violent, alcoolique, qui ne lui a jamais manifesté de tendresse, d'affection. 'Vous savez, l'alcoolisme ça tue tout.' Pour père de substitution, il élit un prêtre, l'abbé Zeller, qui lui a donné envie de devenir prêtre à son tour, tant l'Église était devenue pour le jeune homme 'un château fort'.
Ce 'curé de choc' lui a 'tout appris' : l'activité physique, le dépassement de soi... Un apprentissage pour le meilleur et pour le pire car lui qui avait le vertige s'est échappé quelques années plus tard en hélicoptère de la prison de la Santé en 1986. 'La peur après est devenue quelque chose pour moi qui était inacceptable, c'était un exercice à dépasser.'
Michel Vaujour entre en prison à 19 ans, pour le vol d'une voiture. Il mène alors une vie 'à l'écart' d'une petite ville où il 'n'y a rien', avec son amie Zabette et leur fille. Une vie où 'on ne fait que travailler' et où ce 'rien détruit la relation'. Quand il tombe sur cette voiture, que son propriétaire avait laissée là, moteur en marche, lui prend l'envie de s'en servir pour aller danser en boîte de nuit. Le samedi suivant il recommence, et encore le samedi d'après, et ainsi de suite. Jusqu'à ce que le couple 'se fasse attrappé' : il sera condamné à 30 mois de prison ferme.
Aujourd'hui, il en est sûr : si la peine alors avait été moins lourde, il n'aurait pas vécu toutes ces années terribles. C'est le monde ultra violent de la prison - entre prisonniers, le sadisme du surveillant chef - qui lui a appris ce qu'est la haine. 'Quand vous avez ça en vous, la haine, c'est une très mauvaise chose, croyez-moi, ça vous mange, c'est un poison qui vous mange, c'est pas un petit ressentiment, il n'y a plus de pensée, il n'y a plus de réflexion avec ça.' 30 mois d'enfer marqués par la haine, que 'le roi de la cavale' a voulu fuir pendant les 30 années qui ont suivi.
Émission d'archive diffusée en novembre 2018
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