Ce samedi 11 décembre aura lieu l'élection de Miss France 2022. Et comme chaque année, cette émission fera un record d'audience : 10 millions de téléspectateurs l'an dernier sur TF1. Mais de plus en plus, ce podium interroge sur ce qui est mis en valeur chez la femme. Alors faut-il distinguer les femmes pour leur beauté ? La plus belle femme de France n’est-elle qu’une jolie potiche, vestige d’un temps dépassé ? Ou bien y a-t-il une véritable place pour sa personnalité ? Y a-t-il quelque chose d’éthique dans cet événement ?
Elles seront 29 candidates de 18 à 24 ans, mesurant entre 1m70 et 1m85 à participer à l’élection Miss France. Un concours qui a plus de 100 ans. Mais n’y a-t-il pas un décalage entre sa longévité et son succès d’audience – 10 millions de téléspectateurs l’an dernier – et un discours consensuel sur l’importance de la beauté intérieure. "100 ans d’existence ça pose question, une vraie question", convient Marie-Françoise Hanquez-Maincent.
Chaque année, le débat est relancé : Miss France est-ce un événement futile, ridicule, attachant, familial, important ? En tout cas, il vient interroger le rapport au corps, la place que nous donnons à la beauté. Mais aussi l’image de la femme avec son cortège de stéréotypes, ceux que nous entretenons et ceux que nous dénonçons. Certes, avec #Metoo et "balance ton porc", le concours Miss France "s’est donné des éléments de modernité en élargissant non plus seulement à la beauté physique mais aussi à la réflexion". Reste que, pour Marie-Françoise Hanquez-Maincent, "ce concours de beauté présente la femme comme une femme-objet à regarder, en vitrine, et qui, selon moi, dessert plutôt la cause des femmes".
Avec ses robes à paillettes, ses talons et sa couronne, Miss France rejoint les rêves de princesse de milliers de petites filles. Elle n’est pas loin non plus de la poupée Barbie. "Il y a beaucoup d’analogies entre miss Barbie et Miss France", observe Marie-Françoise Hanquez-Maincent, auteure de "Barbie, poupée totem - Entre mère et fille, lien ou rupture" (éd. Autrement, 1998).
Barbie et Miss France partagent "un même aspect d’idolâtrie du corps, les mêmes jambes élancées, la poitrine opulente, les cheveux longs..." Pour les psychologues, la poupée américaine est "considérée comme un outil pour les petites filles, soit en l’acceptant soit en la refusant, de se structurer en tant que femme". Il n’est pas rare d’en trouver dans les cabinets de pédiatres ou de pédopsychiatres. Certaines candidates au titre de Miss France ont d’ailleurs témoigné de la façon dont le concours les aidées à découvrir leur féminité.
Alors que dans les médias on entend de plus en plus les discours féministes, les défenseurs du concours de beauté prennent le contrepied de ceux qui critiquent Miss France. Défiler en maillot de bain à la télévision serait vu comme un droit et une liberté. C’est le point de vue de Dominique Vilain-Allard. Pendant 30 ans, il a été délégué pour le concours Miss France, c'est-à-dire chargé d’organiser les pré-sélections pour les Hauts de France. Pour lui, le concours de beauté est "un espace de liberté".
"Tant que les femmes auront le droit de vivre leurs rêves qu’elles souhaitent, auront le droit de porter un maillot de bain ou de s’habiller de la façon dont elles veulent, c’est un espace de liberté à ne pas négliger quand on voit ce qui se passe dans certains pays." Il considère que Miss France s’inscrit dans "la tradition française de faire la promotion de la beauté de la femme française". Un pays où "l’industrie de la beauté, de la mode et du cosmétique" représente "un marché énorme". Un secteur d'avenir pour les Miss France.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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