Molière était-il misanthrope ? Était-il un jaloux invétéré ? Est-il mort après une longue et mélancolique tuberculose ? Dans son imposante biographie sobrement intitulée "Molière" (éd. Gallimard), Georges Forestier dresse un portrait nouveau de l'homme de théâtre.
La première biographie de Jean-Baptiste Poquelin (1622-1673) parue après sa mort, on la doit à un certain Grimarest, en 1705. "Un tissu d'inventions et d'anecdotes, nous dit Georges Forester, mais comme il a été le premier il a été la matrice de toutes les biographies qui ont suivi." Et après lui, ce qu'ont pu en dire Voltaire, Boulgakov ou Mnouchkine n'a fait que reprendre "des choses fausses" de Grimarest.
Georges Forestier s'appuie sur des "témoignages", des "gazetiers", des "attaques". Il est aussi allé puisé dans les écrits de Jean Donneau de Visé, "l'inventeur du premier magazine people de la fin du XVIIe siècle, Le Mercure galant, qui va devenir Le Mercure de France" qui était très proche de Molière et avec qui il a "inventé le buz". "Molière a su très bien faire tout le temps de se mettre en situation d'être victime pour pouvoir attaquer les autres justement, se moquer des autres."
Et surtout Georges Forestier s'appuie sur "un document irremplaçable", "Le Registre de La Grange". On le doit à Charles Varlet, dit La Grange (1635-1692), acteur et bras droit de Molière, qui a eu l'idée de "recueillir de tous les registres annuels de la troupe, et d'en faire un registre à lui" dans l'idée sans doute d'écrire un jour sur Molière et sa troupe. "Ce document qu'il avait fait pour lui est passé de descendant en descendant jusqu'à une vieille dame qui à la fin du XVIIIe siècle l'a apporté à la Comédie-Française."
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