Le regard pointé sur les incroyables dictatures contemporaines, Nicolas Righetti conçoit des images fortes, cadrées, presque mises en scène alors qu’on est en reportage. Il montre ces chefs suprêmes à la façon des peintres de la Renaissance quand ils représentaient le Christ. Un monde à découvrir avec ce genevois d’origine tessinoise et de culture chrétienne.
LA RENCONTRE
Nous nous sommes rencontrés il y a plus de dix ans. Nicolas m’avait offert son premier livre phare sur la Corée du Nord. Puis, année après année, nous nous sommes croisés, avec un photographe toujours en possession d’un nouvel ouvrage. Alors, je me dis qu’un jour, nous ferons une émission de radio ensemble. Puis il y a eu la pandémie. Le projet a été repoussé. J’avais invité Nicolas à la télévision locale genevoise. Ses idées m’intéressent et surtout son regard différent. Pas de sensationnalisme, pas d’effets clinquants, pas de masque : les clichés donnent à voir le vernis de ces dictatures où il semble que les gens soient heureux. Sous la férule d’un « père du peuple », sans Dieu à dorer ou vénérer ou célébrer, les monuments et représentations des grands hommes sont omniprésents, en sculpture ou en image gigantesques. A la question "êtes-vous heureux ?" l’on vous regarde stupéfait. Que voulez-vous dire ? Ou bien : Jésus, c’était un général ? questionne un Coréen du Nord. Nicolas Righetti bredouille en anglais un « C’était le fils de Dieu ». L’interlocuteur ne comprend pas la réponse…
Il en est ainsi des autres pays approchés et visités. Turkménistan, Biélorussie, Syrie et aujourd’hui Turquie. Un exemple étonnant : la Trisnitrie, le pays qui n’existe pas. Située aux confins de l’Ukraine, la contrée n’est reconnue par personne, et pourtant, elle existe.
C’est un voyage au pays des songes, avec un photographe qui sait regarder l’invisible en face dans ces décors de cinéma faits de dorures et de carton-pâte.
Chaque mois, Daniel Bernard vous invite à une conversation originale avec des hommes et des femmes au destin singulier et pour lesquels la foi et la spiritualité n’étaient pas un a priori.
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