Le dessinateur Georges Bess s’empare du récit de Notre-Dame de Paris le roman culte de Victor Hugo. Il nous offre un regard magnifique sur la cathédrale et le Paris médiéval même si on peut regretter une représentation un peu outrancière et datée d'Esméralda.
Un album publié chez Glénat
La lecture de Stéphanie Gallet
Les adaptations de classiques en bande-dessinée sont un genre prisé des éditeurs et des lecteurs.
Quand un auteur de BD s’empare d’une œuvre, c’est souvent une lecture vivifiée d'une histoire qui a parfois traversé les siècles. Bien sur cela ne remplace pas le texte original mais cela permet une première approche et une nouvelle diffusion de ces récits qui appartiennent à notre imaginaire collectif et à notre patrimoine littéraire.
J'avais découvert Georges Bess pour son adaptation de Frankenstein. Auparavant, il avait aussi réalisé un Dracula. Son dessin très sombre et très précis soulignait toute la puissance du texte de Marie Shelley. J’étais ressortie bouleversée de cette lecture.
C’est donc avec beaucoup de curiosité que je me suis plongée dans l’adaptation par ce même Georges Bess de Notre-Dame de Paris, le célèbre roman de Victor Hugo.
J’ai retrouvé son formidable dessin en noir et blanc, son trait ultra précis pour saisir Paris et l’immense vaisseaux de pierres. J’ai beaucoup aimé sa reconstitution de la ville médiévale. Comment il imprime les trognes de cette Cour des miracles et de tout le petit peuple parisien.
C’est indéniable, Georges Bess est un immense dessinateur .
Deux choses cependant m’ont gênée. Des partis pris dans la mise en page, des fonds faits à la palettes graphiques qui manquent d'élégance, et une composition des cases et des espaces des plus déroutante.
Et puis il y a Esmeralda.
Comment en 2023 dessiner Esmeralda ? Comment coucher sur le papier une jeune femme qui suscite autant le désir des hommes tout en incarnant la bonté et la pureté ?
Là encore il y a des partis pris que je trouve un peu regrettable : Fallait-il autant érotiser Esméralda ? On a un peu l’impression de se trouver face à Barbarella ou à une héroïne de comics des années 70. Sans compter des scènes que je trouve particulièrement gênantes comme celle où Esmeralda est torturée. On lui passe le pied dans un étaux mais l’image que l’auteur nous offre d’elle, ce n’est pas celle d’une femme hurlant de douleur mais celle d’une jeune femme hyper sexualisée.
Comment dessiner Esméralda victime de la lubricité de tous ceux qui l’entourent ?
Dessiner la sensualité est une question complexe et tout à fait contemporaine mais qui aurait mérité de sortir des clichés éculés d’une certaine bande dessinée.
Il ne s'agit pas de faire les saintes nitouches ni les féministes offusquées mais de s'interroger sur les représentations du corps de la femmes.
Reste ce décor incroyable, que nous retrouverons dans un an, une fois achevé le chantier de reconstruction. Une cathédrale dont Georges Bess réussi à merveille à retranscrire la beauté, la force et le mystère et à faire de Notre-Dame de Paris un personnage à part entière.
Reste aussi le récit de Victor Hugo toujours aussi juste pour dénoncer comme le dit Georges Bess : l’injustice qui perdure à travers les siècles, les prédateurs qui sont légion, et cette fatalité implacable qui est au cœur de l’œuvre de Victor Hugo.
L'adaptation de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo par Georges Bess est publié chez Glénat
Et que dire de l’injustice qui perdure à travers les siècles ? Des prédateurs qui sont encore légion ?... Enfin, qu'en est-il de cette fatalité implacable qui détermine nos trajectoires et qui est au cœur de l’œuvre de Hugo ?
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