On le surnomme "L'amiral" pour son parcours impressionnant de marin, d'abord avec Éric Tabarly, puis comme recordman du tour du monde en solitaire (en 1989), vainqueur deux fois du trophée Jules-Verne (en 1997 et en 2004). Mais que ce soit sur un bateau ou dans un studio de radio, Olivier de Kersauson fait vite savoir qui est le patron. Il est connu pour son franc-parler et ses coups de gueule. À l'occasion de la sortie de son livre "De l'urgent, du presque rien et du rien du tout" (éd. éd. Le Cherche midi) il est de passage en France, lui qui vit une bonne partie de l'année à Tahiti. Rencontre.
"La vie est seule. C'est un énorme mensonge, le groupe : tous les moments forts de la vie sont seuls." On a souvent l'image du marin solitaire : Olivier de Kersauson semble y correspondre, lui qui a pourtant navigué plusieurs fois avec un équipage. "Le groupe a d'autant plus de valeur que les gens qui le composent ont une notion précise de la solitude."
Vers cinq ou six ans, Olivier de Kersauson a "compris la solitude". "J'ai saisi intellectuellement que j'étais seul, personne ne m'aiderait jamais à penser." Il se souvient même de l'heure à laquelle ça s'est produit - 15 heures, "une heure que je n'aime pas d'ailleurs" - et il se souvient alors de sa stupéfaction. Il cultive depuis une notion aigüe de solitude, au point d'écrire qu'il "l'adore".
Dans son livre, Olivier de Kersauson parle de "délicatesse", de "gentillesse", de "compassion" et de "bienveillance". Ce qui peut étonner quand on l'écoute tant sa façon de parler le montre bourru, avec un langage souvent grossier parfois brutal.
Est-ce une carapace ? Une manière de cacher sa sensibilité ? "L'âge venu, je me suis permis à penser aussi qu'il y a quand même des domaines sur lesquels j'avais des grosses lacunes - gentillesse, bienveillance, courtoisie - et que dans le fond ce serait peut-être pas idiot de commencer à peut-être essayer de faire un effort de ce côté-là !"
En mer, le marin contemple des "décors de grâce", de "beauté pure". "C'est tellement extraordinaire, tellement magique... Dieu est intéressant pour ça, ça fait quelqu'un à remercier !" Ce qu'Olivier de Kersauson aime dans la prière c'est la "concentration d'énergie" et "l'éloignement de la temporalité".
Mais "à terre aussi", il y a toujours quelque chose à contempler... "la lumière, le bruit, l'espace, le vent dans les arbres..." Quelque chose qui vous donne toujours "un moment qui a de la gueule", qui vous émerveille et même vous étonne. "Les entrées de la prière c'est la capacité de recevoir l'étonnement de ce que nous vivons."
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