Dans les musées ce sont très souvent des femmes qui sont représentées... par des hommes. Où sont les œuvres des femmes artistes ? À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, RCF lance le podcast "L'art une affaire d'hommes ?"
Où sont les femmes dans les musées ? C’est un détail qui ne saute pas forcément aux yeux quand on se promène dans les allées d’un musée. Mais pour ceux qui ont l’habitude de lire les cartels, c’est un détail qui finit par piquer les yeux : les femmes sont bien là, peintes, sculptées, gravées, modelées, photographiées. Mais où sont les artistes féminines ? Mais les choses changent. Les historiens et les historiennes de l’art révisent leurs classiques et réintroduisent dans leurs récits des artistes trop longtemps écartées, les commissaires d’expositions s’y mettent aussi et le public en redemande.
En 2020, Sarah Benhamou, étudiante en histoire de l’art, se promenait sur internet à la recherche d’un nouveau sujet pour un podcast, quand elle s'est intéressée aux femmes dans l’art. Résultats : peu de contenu, et peu d'informations. C'est ce triste tableau qui pousse Sarah à créer le podcast RCF L'art : une affaire d'hommes ? Composé de dix épisodes, il met en avant dix artistes féminines trop peu connues. Dans chaque épisode, l'autrice, spécialiste et passionnée d'histoire de l'art, présentera également une des œuvres majeures de la peintre dont il est question. De Berthe Morisot à Vigée Lebrun sans oublier Niki de Saint Phalle, découvrez tous les lundis et mercredis, la première saison sur les femmes peintres.
Autre exemple de la reconnaissance tardive d'une artiste, celle de la sculpteure Germaine Richier. "Une femme reconnue mais méconnue" témoigne sa petite nièce Laurence Durieu, autrice de la bande-dessinée Germaine Richier - La femme sculpture, chez Bayard. Elle devient la première femme exposée au MOMA à New-York à sa mort en 1959. Ses sculptures mélangent l’animalier, le végétal et l’humain. Germaine Richier mettra tout son talent dans son art et obtiendra d’ailleurs le prix Blumenthal en 1936, au cours de sa carrière.
"On imagine souvent que l’art est un milieu avant-gardiste et défenseur de libertés. On a du mal à imaginer que c’est un milieu encore guidé par des structures de pouvoir misogyne" avoue Aurélie Rouvier, réalisatrice de MeToo dans l’art #notsurprised. Dans ce documentaire, elle a voulu montrer que grâce à ce mouvement et aux nombreuses affaires, beaucoup d’artistes ou acteurs du milieu de l'art se sont révélés machistes, sexistes ou prédateurs sexuels.
Dans l'histoire de l'art, on trouve l'exemple de la personnification d'Artemisia Gentileschi, une peintre de XVIème siècle, qui, dans son tableau Judith décapitant Holopherne, se représente en train de décapiter son violeur, ici Holopherne. "C’était un MeToo avant l’heure" souligne Sarah Banmouha. On peut penser aussi à Rosa Bonheur qui a dû se travestir pour pouvoir peindre ses tableaux et échapper au stéréotypes.
Germaine Richier n’était pas décrite comme une féministe, mais n’a pas eu peur de s’affranchir des personnalités masculines qui ont fait partie de sa vie. Dans un premier temps, ses parents, qu’elle a fui pour suivre des cours à l’école de Beaux-Arts de Montpellier, dans un deuxième temps son mari, et finalement son professeur d’art à qui elle n'hésitait pas à tenir tête.
"Je crois que les femmes sont capables de produire des choses différentes. Pendant longtemps, elles étaient confinées dans des genres. Je ne pense pas que les artistes femmes doivent impérativement se conditionner à la question féminine et peuvent toucher à tout" avoue Laurence Durieu. Sarah Banmouha cite un stéréotype que peuvent rencontrer les femmes dans le milieu de l’art : "les hommes peuvent avoir une peinture douce et les femmes plus violentes".
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