Le musée de l'Histoire de l’immigration, installé au Palais de la porte Dorée au bord du bois de Vincennes à Paris, consacre une rétrospective à 24 artistes étrangers venus travailler à Paris de 1945 à 1972. À vrai dire, dès la fin du XIXe siècle, la capitale française était devenue un pôle attirant des artistes de toute l’Europe et d’Amérique du Nord. Certains y effectuaient de longs séjours, par exemple le Norvégien Edvard Munch qui fait actuellement l’objet d’une grande rétrospective au musée d’Orsay. D’autres s'installent définitivement en France : Van Gogh, Modigliani, Picasso, Chagall ou Giacometti.
On considère généralement qu’à cette époque, Paris a perdu sa couronne sur la scène artistique au profit de New York et que sa capacité d’attraction a été réduite à peu de choses. Cette exposition montre qu’il s’agit d’une idée fausse. Nombreux sont les artistes qui viennent à Paris à cette époque pour tenter de vivre de leur art.
L’exposition met bien en valeur les différentes raisons qui ont pu amener des artistes à s’installer en France. D’abord, l’exil pour fuir la guerre, la dictature ou la pauvreté. Ainsi l’Espagnol Eduardo Arroyo ou le Haïtien Hervé Télémaque. Ce dernier pointant avec humour des manifestations ingénues de racisme comme les publicités Banania.
Autre thème significatif, la volonté d’hybridation entre la culture d’origine et la culture française. Deux exemples magnifiques dans ce domaine. Le Chinois Zao Wou Ki qui disait : « Tout le monde est ficelé par une tradition, moi par deux. » Et puis cette immense artiste américaine qu’était Joan Mitchell. Elle s’était installée non loin de Giverny, le village de Monet, imprégnée qu’elle était de la peinture française de ce temps-là. Une expo rapprochant les deux peintres va d’ailleurs débuter à la fondation Vuitton.
Cette exposition fait apparaître que des courants importants pour la scène artistique parisienne ont été fondés par des étrangers. C’est notamment le cas de l’art optique ou cinétique qui utilise un langage de formes géométriques et de couleurs basiques combinées à l’infini. Le Hongrois Victor Vasarely en était le chef de file mais il y avait aussi le Vénézuélien Soto, l’Argentin Julio Le Parc ou la Hongroise Vera Molnar qui fut une pionnière de l’utilisation de l’ordinateur dès la fin des années 1960. Alors oui, cette forme d’art a traversé une période de purgatoire. Mais on est en train de la redécouvrir en raison de son impact visuel, comme en témoigne l’affiche de l’exposition.
Dans cette section consacrée à l’art cinétique, on notera la présence de sculptures "pénétrables", c’est-à-dire où le visiteur peut entrer, expérience assez ludique. Le commissaire de l’exposition, Jean-Paul Ameline, l’a voulu en pensant notamment au jeune public.
Le musée de l’histoire de l’immigration peut ainsi devenir la destination d’une visite familiale. D’autant plus que le bâtiment propose aussi dans son sous-sol un aquarium tropical très prisé des plus jeunes.
L’exposition Paris et nulle part ailleurs se clôture le 22 janvier 2023.
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