Depuis 16 générations, le château de Thoiry et son parc sont dans la famille des comtes de La Panouse. Il y a plus de 50 ans, Paul de La Panouse a eu cette idée folle : transformer le parc en zoo, où les animaux seraient en liberté et les visiteurs en cage, selon sa formule. 50 ans, c'est autant de temps qu'il a passé à observer les animaux et à s'en émerveiller. Il raconte son histoire hors du commun dans "Thoiry - Une aventure sauvage" (éd. L'Archipel).
En 1965, Paul de La Panouse a 21 ans et "préfère faire [sa] vie ailleurs jeune que de [se] retrouver ruiné à 50 ans, ou même avant". Lui qui voit ses parents entretenir tant bien que mal les deux châteaux familiaux de Thoiry (Yvelines) et du Colombier (Aveyron) leur propose d'ouvrir le parc des Yvelines au public. Mais pour que cela rapporte suffisamment, il faut faire venir les enfants : un parc d'attration aurait détruit le patrimoine. Pourquoi pas des animaux ? "Les animaux ont deux avantages : ils sont en harmonie avec les arbres et ils ne se démoderont jamais, c'est comme les meubles, les archives et les jardins !"
Quand cette idée lui vient, Paul de La Panouse est étudiant en histoire et en théologie à la Sorbonne, il n'a quasiment jamais mis les pieds dans un zoo. Parmi ses soutiens, l'acteur Jean Richard, le créateur de La Mer de Sable et de deux cirques, chez qui il effectue des stages. En 1967, le zoo de Thoiry peut voit le jour mais ce n'est qu'un "petit parc zoologique traditionnel". Jean Richard dira de lui à ses amis : "Accueillez-le, c'est un petit jeune qui a mis des animaux dans son jardin pour sauver son château !"
Quand Paul de La Panouse décide de mettre les animaux en liberté et les gens en cage, le concept est innovant, c'est une première en France. "Et surtout, ce qui ne se faisait pas, c'est de mettre ensemble plusieurs espèces, tout le monde pensait que c'était impossible et j'ai eu contre moi toutes les sommités zoologiques de l'époque." Le seul sur lesquel Paul de La Panouse peut compter, c'est l'ornithologue Jean Delacour (1890-1985) qui l'a encouragé.
En 1968, les caisses s'ouvrent, on laisse les animaux s'ébrouer en liberté dans la forêt familiale. Ils vient en partie des "surplus" de parcs zoologiques, ou directement d'Afrique. Quelque 120 à 140 specimens envoyés par le frère de Paul de La Panouse dans des conditions rocambolesques... Une fois arrivés sur place, reste à les faire cohabiter.
"Nous sommes solidaires d'une aventure extraordinaire qui est la vie." En imaginant un espace où les animaux vivraient en liberté "comme en Afrique", Paul de La Panouse fait face à une loi de la savane : "dans chaque espèce vous avez un chef et un bouc émissaire, c'est lui le premier qui meurt de faim ou de soif, le premier à être mangé, le dernier à se reproduire". Mais il y a aussi "des solidarités remarquables dans la nature" : la façon dont le chef assure au troupeau la nourriture, par exemple. "L'entraide existe" dans le règne animal.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !