En partant de l’expérience de saint Paul au contact des crises des premières communautés chrétiennes, le père Sébastien Dehorter, docteur en théologie et responsable de la pastorale étudiante de Louvain-la-Neuve, nous invite à remettre le Christ dans notre barque ballotée par les crises, en portant un regard nouveau sur la Croix. Il initie un parcours en 8 épisodes pour vivre le carême au coeur d'une Eglise en phase de transformation.
L’Eglise est à un tournant et prise par de multiples crises. Comment envisager l’avenir ? Quelle dynamique missionnaire ? Comment s’inspirer des premières crises de l’Eglise ? Pourquoi a-t-il fallu que la Croix demeure ? Dès lors que le Christ est ressuscité, la Croix n’aurait-elle pas dû devenir un simple mauvais souvenir vite oublié, désormais sans aucune signification ? Rappeler la Croix, ne serait-ce pas manquer de foi en la Résurrection ?
De tous les auteurs du Nouveau Testament, l’Apôtre saint Paul est clairement celui qui en parle le plus et avant tout d’une manière assez originale. Ses célèbres formules sont stupéfiantes. Non seulement il applique la Croix à lui-même – « avec le Christ, je suis crucifié… » ; mais il en étend l’application au monde, à la parole, à la condition croyante en général. Pourquoi ? Pourquoi ce recours insistant et créatif à la Croix, à la crucifixion ?
Paul, l’Eglise et la Croix, des remèdes aux crises d’aujourd’hui : le Père Sébastien Dehorter, docteur en théologie a réalisé son doctorat UCLouvain précisément sur l’expérience de saint Paul en lien avec les premières églises et les premières crises, les croix du début. Le père Dehorter initie un parcours de carême qui s’adresse à tous ceux qui s’interrogent sur les crises actuelles dans l’Eglise. A son époque saint Paul adressait ses lettres aux Corinthiens et aux Galates, deux Eglises menacées par des crises de croissance. Il les invitait à marcher et grandir avec la Croix, critère décisif de l’identité chrétienne. Portons un regard nouveau sur la Croix et recevons des clés pour l’Église d’aujourd’hui.
L’Eglise de Corinthe est une Eglise mondaine et immature. Elle est prise par des clivages, un esprit de club, de partis politiques. Le remède proposé par Paul est de remettre la croix au coeur de l’Eglise.
L’Eglise de Galatie est traversée par des disputes à propos de la circoncision. Cette communauté est tentée par le conformisme. Paul pose la vraie question : est-on fidèle à l’Evangile de Jésus-Christ ? Le remède de Paul est qu’il s’identifie à la croix. Il est crucifié avec le Christ.
Depuis son élection, le Pape François n’a eu de cesse de conduire l’Eglise sur un chemin de changement et de transformation : Non à la culture du commérage ecclésial, du pouvoir, du cléricalisme, des abus ; oui à la fraternité, à la synodalité, au discernement de l’Esprit ; pour une Eglise des périphéries, comme un hôpital de campagne, souple, mobile, une Eglise missionnaire et proche des pauvres. Tout cela a été entendu et beaucoup y travaillent. Mais peut-être est-il opportun de relire et de méditer sa première homélie du 14 mars 2013 où il livrait aux Cardinaux, le secret spirituel pour l’accomplissement de ce programme, de ce rêve comme il aime dire :
Quand nous marchons sans la Croix, quand nous édifions sans la Croix et quand nous confessons un Christ sans Croix, nous ne sommes pas disciples du Seigneur : nous sommes mondains, nous sommes des Évêques, des Prêtres, des Cardinaux, des Papes, mais pas des disciples du Seigneur .
Le père Sébastien Dehorter dit : “L’enjeu de la compréhension de la croix est capital: il s’agit de la survie de l’Eglise, de sa bonne croissance, de sa fidélité à l’Esprit Saint, pour ne pas devenir un « club de Jésus » ou un groupe sectaire frileusement replié sur lui-même. Il est vrai également, vous vous en rendrez compte, que lire Saint Paul n’est pas si facile. Mais ce sera peut-être l’occasion rêvée de s’y essayer, en étant guidé, accompagné pas à pas ? Soyez donc tous les bienvenus sur ce parcours : « St Paul, l’Eglise et la Croix. Des remèdes aux crises d’aujoud’hui ».”
Le parcours qu’il propose va essayer de répondre à ces questions en s’appuyant sur deux lettres : la première lettre aux Corinthiens (1-4) et la lettre aux Galates. Ce sont, en effet, les deux lettres où le motif de la crucifixion est le plus présent. Et il a fait des découvertes étonnantes. Elles vont aider à comprendre l’actualité de la Croix, sa puissance, sa sagesse paradoxale, non seulement pour l’Eglise primitive mais encore, surtout, pour l’Église du XXIe siècle.
Ce parcours est disponible sur Emmanuel Play et l'application Découvrir-Dieu à partir du 2 mars 2022. Une étape par semaine jusqu’à Pâques. Chaque étape comprend un enseignement vidéo de 20 min et des exercices pour approfondir et appliquer l’enseignement à notre vie intérieure et quotidienne. A vivre seul ou en groupes.
Si vous le pouvez, vivez-le en petits groupes: fraternités paroissiales, maisonnées, églises domestiques ou de quartiers. N’oublions pas en effet que les lettres de Paul sont des lettres de groupe, destinées à être lues à haute voix, pour que tous entendent la même chose, pour stimuler l’intelligence collective, et initier des processus de transformation ecclésiale.
A la fin de chaque vidéo, des questions vous aideront à assimiler ce qui aura été dit mais aussi, surtout, à en comprendre l’actualité. Il est urgent en effet que nous développions une nouvelle culture d’Eglise, un « nouveau style de vie chrétien », plus simple, plus pauvre, plus fraternelle et c’est l’accueil de la Croix, nous dit saint Paul, qui devra nous y aider. A très bientôt !
Diplômé ingénieur civil, prêtre de la Communauté de l’Emmanuel, et diocèse de Malines-Bruxelles (Belgique), depuis 15 ans, le Père Sébastien Dehorter est responsable de la pastorale étudiante et universitaire à Louvain-la-Neuve (Belgique) et Maître de conférence invité à l’UCLouvain.
En 2019, a soutenu une thèse de doctorat intitulée : « Portrait d’une Église crucifiée », et plus précisément : « La construction de l’identité ecclésiale et le langage paulinien de la Croix en 1Co 1-4 et Ga ». La thèse montre que, chez Paul, le recours à la terminologie de la crucifixion sert en premier lieu à corriger des déviances apparues dans la croissance des jeunes Églises.
Evoquant ses sources d’inspiration, le père Sébastien Dehorter cite la rencontre déterminante du père Joseph Menu lors d’un long séjour à Madagascar. Ce père lazariste de saint Vincent de Paul, maintenant décédé, était originaire de Tournai. Il aime le film “l’île” de Pawel Lungin, magnifique film russe qui se déroule dans un monastère sur une île de la mer du Nord. Il met en scène le frère Anatoli, un moine qui est à la fois un staretz c’est-à-dire une père spirituel que l’on vient voir de loin et iourodivoi, un ‘fol en Christ’ un membre excentrique de la communauté habitué des gestes bizarres. Une plongée dans la spiritualité orthodoxe mais surtout un voyage au pays des âmes dont on ne ressort pas indemne. Un grand film.
A propos de littérature, il apprécie le roman-fresque “Vie et Destin” écrit par Vassili Grossman dans les années 1950. Il fait revivre l’URSS en guerre à travers le destin d’une famille, dont les membres nous amènent tour à tour dans Stalingrad assiégée, dans les laboratoires de recherche scientifique, dans la vie ordinaire du peuple russe, et jusqu’à Treblinka sur les pas de l’Armée rouge. Au-delà de ces destins souvent tragiques, il s’interroge sur la terrifiante convergence des systèmes nazi et communiste alors même qu’ils s’affrontent sans merci. Il transcende le documentaire et la polémique pour atteindre à une vision puissante, métaphysique, de la lutte éternelle du bien contre le mal.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !