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À première vue, une bâtisse normande typique, ses colombages, ses toits de chaume, ses pommiers... En y regardant de plus près, la Ferme du Bec Hellouin est au cœur d'une véritable mosaïque de milieux où il y a 'partout du vivant'. Arbres, plantes, animaux et hommes cohabitent. Perrine et Charles Hervé-Gruyer se sont installés là en 2004. Aujourd'hui on vient de toute l'Europe se former à la permaculture dans ce qui était autrefois une vieille chaumière 'misérable'. En 2015, ils ont publié 'Permaculture - Guérir la terre, nourrir les hommes' (éd. Actes Sud).
Leur histoire est celle de deux voyageurs qui voulaient se reconnecter avec la terre. Avant, Perrine était juriste internationale dans une tour de Tokyo ; Charles, éducateur-navigateur poursuivant son rêve de vivre, un jour peut-être, la vie des Indiens d'Amazonie.
Quand ils se sont rencontrés, tous deux avaient un même projet: s'installer 'dans un lieu agréable' où un espace vert leur assurerait autosuffisance, pour 'tourner le dos à la société de consommation'. Mais 'ce n'est pas si facile', alors ils se sont formés aux thérapies psycho-corporelles. Ce n'est qu'ensuite qu'ils sont devenus officiellement agriculteurs en 2006. Parce que 'le goût de la terre était si fort.'
Ce couple qui n'y connaissait rien en agriculture pourrait entrer dans la catégorie des néo-ruraux. Or, nulle trace d'effet de mode chez eux. Des prémices, sans doute, dans leur enfance, d'attachement fort à la nature et aux animaux. Perrine Hervé-Gruyer avoue le 'côté sauvageonne' de l'enfant qu'elle était. S'ils n'ont pas suivi le mouvement hippie ni la tendance actuelle, c'est 'leur cœur' et un 'amour infini pour la nature' qui les a guidés. Ils se sont aussi nourris des lectures de Théodore Monod, René Dumont ou Hubert Reeves, 'des maîtres'.
'Humus, humain, humilité', joli triptyque pour illustrer le sens de leur vie. Ce ne sont pas que des mots. Perrine et Charles Hervé-Gruyer n'ont pas choisi par hasard de s'installer non loin de l'abbaye du Bec Helloin où Charles faisait des retraites spirituelles étant adolescent. Dans une vallée qui a 'quelque chose de sacré'.
En 2008, le couple découvre la permaculture, 'une révélation'. Le concept a été mis au point dans les années 70 par deux Australiens, Bill Mollison et David Holmgren. Un mot-valise issu de 'permanent' et 'agriculture'.
Le principe est de s'inspirer de la nature pour cultiver une grande diversité de végétaux sur de petites parcelles. 'Une synthèse de bonnes pratiques quasi ancestrales', résume Perrine. Sur leur 1,2 hectare, 1.500 m² sont cultivés en légumes. 1 hectare est laissé pour des marres, des haies, des animaux... Cela donne 'une mosaïque de milieux, des centaines de variétés d'arbres fruitiers... Partout du vivant !'
©Ferme biologique du Bec Hellouin
Leur pratique de la permaculture intéresse jusqu'aux chercheurs de l'INRA et de l'AgroParisTech. Le secret de leur réussite ? Perrine et Charles Hervé-Gruyer sont très attentifs à la qualité des sols. À contre-courant de l'agriculture industrielle de l'après-guerre qui se concentrait sur le végétal, ils tournent le dos aux engrais de synthèse et autres fongicides et pesticides.
'On a oublié qu'il y a un substrat qui s'appelle le sol et qui est essentiel', rappelle Perrine Hervé-Gruyer. Pierre Rabhi disait que le marcheur a en commun avec le paysan le goût de la terre. Une parole qui donne cohérence, si besoin était, aux choix de vie de ces deux voyageurs devenu paysans.
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