Plaidoyer du Pape François pour l’histoire

Déjà, en août 2024, le Pape François avait publié une lettre, dans laquelle il soulignait l’importance de la littérature. 

Pourquoi doit-on approfondir l'histoire de l'Eglise dans la formation ?

« Aujourd'hui, nous avons tous - et pas seulement les candidats au sacerdoce - besoin de renouveler notre sensibilité historique », c’est que le Pape François affirme en introduction de sa lettre.

Pour Guillaume Houdan, professeur d'histoire à l'Institut Normand de Sciences Religieuses à Rouen, reprenant les mots du Pape : « Cela aide à situer l'Eglise

Non pas telle qu'on se l'imagine ou qu'on voudrait qu'elle soit, mais telle qu'elle est 

[NDLR il cite le Pape] Et l'épaisseur de l'histoire nous aide à mesurer que : oui notre Eglise aujourd'hui a des soucis, mais elle en a toujours eu. Notre Eglise n'a jamais été parfaite. Il faut l'aimer telle qu'elle est, et non pas telle qu'on la rêve ; et je trouve que l'histoire nous y aide. »

« Soyez aussi des héritiers »

C'est l'interprétation de Guillaume Houdan, également professeur d'histoire-géographie dans l'enseignement secondaire, quand il lit les mots forts du Pape François à destination des jeunes (que ce dernier reprend de l'exhortation apostolique Christus Vivit dans le chapitre 6 "Des jeunes avec des racines") :

Si quelqu’un vous fait une proposition et vous dit d’ignorer l’histoire, de ne pas reconnaître l’expérience des aînés, de mépriser le passé et de regarder seulement vers l’avenir qu’il vous propose, n’est-ce pas une manière facile de vous piéger avec sa proposition afin que vous fassiez seulement ce qu’il vous dit ? Cette personne vous veut vides, déracinés, méfiants de tout, pour que vous ne fassiez confiance qu’à ses promesses et que vous vous soumettiez à ses projets. C’est ainsi que fonctionnent les idéologies de toutes les couleurs 

Mais le Pape François donne également des repères pour la formation à l'histoire de l'Eglise, que ce soit pour des futurs prêtres ou un public plus large.

Une place pour les oubliés de l'histoire

A la fin de sa lettre, le Pape François fait quelques observations sur ce qui lui semble important dans l'étude de l'histoire. Guillaume Houdan retient une proposition faite aux historiens de ne pas oublier : 

les traces de ceux qui n'ont pas pu faire entendre leur voix au cours des siècles, ce qui rend difficile une reconstruction historique fidèle [...] N'est-ce pas un champ de recherche privilégié, pour l'historien de l'Eglise, que de mettre en lumière autant que possible le visage populaire des derniers, et de reconstruire l'histoire de leurs défaites et des oppressions qu'ils ont subies, mais aussi de leurs richesses humaines et spirituelles, offrant des outils pour comprendre les phénomènes de marginalité et d'exclusion d'aujourd'hui ?

Le Pape promeut « une véritable sensibilité historique », en s'appuyant sur une histoire populaire, en phase avec l'historiographie plus contemporaine. Pour Guillaume Houdan, « Il nous invite à faire une histoire, non pas seulement des évènements ou des personnes qui ont été connues à l'époque. Mais [NDLR il nous invite à] aller chercher, travailler à retrouver la foi de nos prédécesseurs, y compris les plus humbles. Parce qu'il est convaincu que si l'on est capable d'étudier la foi des plus humbles dans le passé, on comprendra aussi et on accueillera mieux, encore aujourd'hui, dans notre Eglise, les plus humbles.»

Le Pape qui vient justement en Corse ce 15 décembre 2024, pour assister à la journée de clôture d'un colloque sur "la religiosité populaire en Méditerranée".

D'ici là, les invitations du Pape à la mémoire de toute la vérité, à se relier à l'histoire et à étudier en particulier l'histoire de l'Eglise sont à retrouver dans sa "lettre sur le renouvellement de l'étude de l'histoire de l’Eglise" (disponible ici).