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Plantu, dessiner pour la paix

RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023
VisagesPlantu, pouvoir et fraternité au bout du crayon

En cette Journée mondiale de la Paix, RCF vous propose une rencontre avec le dessinateur Plantu. Chez lui, dans son petit appartement-atelier parisien, rempli de dessins et de photographies, il reçoit Thierry Lyonnet. En mars dernier, après 50 ans de collaboration, il a cessé de dessiner pour Le Monde. Mais il reste engagé pour la paix, notamment avec son association Cartooning for Peace. À l'occasion de la sortie de son livre "L'année de Plantu - 2021, les années Fioles" (éd. Calmann-Lévy), rencontre avec le caricaturiste le plus célèbre de France, qui est aussi un homme timide et discret.

Plantu ©RCF / Thierry LyonnetPlantu ©RCF / Thierry Lyonnet

Dessiner pour la paix

C’est le 1er octobre 1972, que Plantu a commencé sa collaboration avec le journal Le Monde. Son premier dessin ? Une colombe avec un point d’interrogation dans le bec : comme si tout était résumé là, toutes les questions qu’il nous a posées sur la paix... Avec la souris, la colombe est très présente dans ses dessins, la colombe de la paix.

Plantu est toujours autant engagé dans l’association qu’il a créée avec Kofi Annan, Cartooning for Peace. "On organise des liens avec des dessinateurs du monde entier, on essaie de voir comment on peut contourner tous les interdits." Peut-on continuer à être dessinateur aujourd’hui, devant la puissance des réseaux sociaux et la force de manipulation qu'ils permettent ? Bien sûr qu’on peut continuer à faire ce métier, déclare Plantu. "À un moment il faut se demander à quoi on croit ? Il y a beaucoup de dessinateurs qu’on défend dans le monde entier qui sont de vrais résistants…"

 

"Un dessin réussi prête à rire..."

Tout a commencé en 2005, avec l’affaire des caricatures danoises. Plantu parle d’une "manipulation par certains imams" : "Ils ont inventé quelque chose comme quoi les dessinateurs danois ont voulu humilier un milliard et demi de musulmans, ce qui est faux." Cette même année, un rédacteur en chef égyptien a été menacé de mort pour avoir publié en une de son journal le dessin de Plantu représentant une fille en string qu’il transformait en voile. À la suite de quoi, ses expositions prévues au Liban ou au Pakistan ont été annulées.

"Un dessin réussi prête à rire, quand il est vraiment réussi, il prêtre à penser, s’il prête à rire et à penser, alors c’est un excellent dessin." Cette formule est de Tignous, mort assassiné lors de l'attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Tignous, mais aussi Cabu, Charb… "Je les connaissais tous et je continue à être en lien avec les femmes de ceux qui ont été assassinés." S'il vit sous protection policière au nom de la défense de la liberté d'expression, Plantu continue de voyager, au Maghreb, à Beyrouth, à Gaza, à Tel-Aviv, à Jérusalem… Et quand il discute avec des musulmans ou des chrétiens, loin des réseaux sociaux et de toute manipulation, "c’est très enrichissant !"

 

L’enfance en bandoulière

Dans la préface de "Regards croisés" (éd. Gallimard), que Plantu publie avec le grand photographe Reza, Pierre Bongiovanni dit du dessinateur qu’il "porte son enfance en bandoulière". Il y a quelque chose de radicalement étonné chez Plantu, comme un enfant observe le monde. "On est toujours habité par notre enfance, ce n’est pas propre aux artistes, mais les gestes artistiques qu’on a sont toujours un élan spontané, qui ressemble à un cri de joie ou à un cri d’enfant en colère", dit-il.

Pourtant, son enfance n’a pas été si simple. Jean Plantureux était ce "gentil petit bonhomme qui s’appelait Jeannot et qui ne parlait pas beaucoup, qui était content, silencieux…" Un garçon timide et rêveur, chez qui le dessin remplaçait la parole. Pour autant, jamais il n’aurait imaginé devenir dessinateur ! Tout comme ses parents et ses professeurs il se demandait ce qu’il allait bien pouvoir faire de lui-même…

Chaque soir au moment de se mettre au lit le guettait déjà "l’anxiété du lendemain" et "la peur de ne pas être à la hauteur de tout ça, de ramener encore des sales notes à la maison". Lui qui, pendant 50 au Monde, a toujours pensé qu’il faisait "un boulot de lycéen, où on est tout le temps noté" ! Pendant 50 ans, il l’assure, chaque jour il a cru que ce serait celui où on lui dirait stop. "J’ai fait le boulot comme un gars qui fait des chaises et qui se dit c’est peut-être sa dernière chaise."

 

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