L'homme ne doit être réduit à une machine ou à un animal comme les autres. A la fois corps, âme et esprit, pour aller bien il est invité à trouver un équilibre entre toutes ces facettes...
Qui est l'homme ? Cette question est posée au XXIè siècle, une époque de "souffrance intérieure" où "nous ne savons plus qui nous sommes" et où nos "modes de vie ne respectent pas notre nature profonde." C'est en tout cas le postulat de Jean-Guilhem Xerri, auteur de "Prenez soin de votre âme - Petit traité d'écologie intérieure" (éd. Cerf). Dans son ouvrage, le psychanalyste revient sur quatre visions de l'homme proposées à quatre époques de notre histoire, l'Antiquité, l'âge classique, l'âge moderne et l'âge post-moderne. "Il m'a paru intéressant de revisiter et de refaire le parcours de la façon dont l'homme s'est regardé dans l'histoire de l'humanité."
ÉTATS GÉNÉRAUX DE LA BIOÉTHIQUE - Dès le 18 janvier 2018 s'ouvrent les États généraux de la bioéthique, une vaste réflexion pour réfléchir aux questions éthiques que posent les progrès de la science. Des débats que vous pourrez suivre sur RCF.
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De l'Antiquité au XVIIè siècle, les représentations de l'homme sont dominées par la pensée d'Aristote. L'homme est vu comme "un animal rationnel, positionné entre les dieux d'une part et les animaux d'autre part", comme l'analyse Jean-Guilhem Xerri. Doué de raison, il s'agit pour lui de "vivre humainement ce qu'il a d'animal en lui". Cet animal politique et rationnel est "capable de produire des valeurs morales et de construire une société sur la base de ces valeurs".
De cette vision découle une pratique du soin "extrêmement riche", selon le biologiste. Riche, car il s'agit d'un "soin de l'être", où le thérapeute est quelqu'un qui prend soin d'abord de sa propre intériorité. "Ne pouvaient être thérapeutes que des gens qui avaient eux-mêmes fait un travail sur eux et continaient à avoir un mode de vie équilibré, sain."
Entre le XVIIè et le XIXè siècle, la pensée qui domine est celle de Descartes. L'humain est vu à travers deux composantes, le corps et l'âme. "Il y a bien une essence humaine, l'âme humain n'est pas la même que celle de l'animal ou de Dieu mais il y a une différence radicale entre le corps et l'âme." À la faveur de ces interprétations, on pu "explorer le corps comme s'il était une machine". À partir du XVIIè siècle, on n'étudie plus tant la cosmologie et la zoologie, mais la physique, la chimie, les mathématiques, les lois de la mécanique.
À partir du XIXè siècle, émergent de nouvelles sciences : la sociologie, la linguistique, l'histoire, la psychologie ou la psychanalyse. Avec désormais plusieurs penseurs comme Freud, Althusser, Marx, Freud, Lévi-Strauss, émerge une vision de l'homme d'abord conditionné par son environnement, culturel, familial, social.
Là où "les sciences effacent l'essence même de l'homme", se sont désormais les déterminismes qui le définissent. "Ce qui caractérise l'homme à travers ces sciences humaines, ce n'est pas l'homme en tant qu'essence, mais davantage les relations que les hommes ont les uns avec les autres et les relations de l'homme avec son environnement." Dans cet "effacement progressif de l'essence en tant que telle" au profit du déterminisme, la question posée est celle de la liberté.
Au XXIè siècle, à la faveur des progrès considérables en génétique, en biologie de l'évolution, en éthologie, en paléoanthropologie ou en neurosciences, apparaît "l'homme neuronal" (d'après le livre "L'Homme neuronal" (1983) de Jean-Pierre Changeux.) C'est-à-dire que l'homme se définit par le fonctionnement de son cerveau : Jean-Guilhem Xerri parle d'un "mouvement de biologisation de l'humain".
Nous serions notre corps et même plus précisément, notre cerveau. "Dans cette représentation-là, plus rien ne le différencie des autres animaux, l'homme est un vivant comme un autre." Il se rapproche de l'animal, mais aussi du robot. "On est dans une époque de l'humanité où l'homme se voit de plus en plus avec son cerveau qui fonctionne sur le mode des robots, des algorithmes, de l'intelligence artificielle." Que va-t-il donc advenir de l'homme ? Et si la réponse était spirituelle ?
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