"Le Printemps de Sakura", de Marie Jaffredo (éd. Glénat), a obtenu le prix du jury œcuménique au festival d’Angoulême. Un album très fin et très délicat sur la transmission.
La bande dessinée japonaise connaît un énorme succès en librairie et elle a été largement mise à l’honneur à Angoulême le week-end dernier avec des fauves d’honneurs remis à de célèbre mangaka. Tout un espace consacré aux mangas et à la culture manga ce qui a d'ailleurs provoqué un afflux de visiteurs dans les travées du salon. Mais si notre album si "Le printemps de Sakura" se passe bien au Japon, ce n’est pas un manga. Il se lit de gauche à droite et son autrice est bien française, il s'agit de Marie Jaffredo qui, après avoir travaillé sur des épopées, réalise maintenant des albums plus intimistes.
C'est une petite fille qui vit à Tokyo au Japon. Son papa est français et sa maman japonaise. Dès la première page, nous assistons à l’accident de voiture qui a tué sa maman alors qu’elle faisait une balade à vélo. Sakura a alors cinq ans, nous la retrouvons quelques années plus tard. C’est son papa qui l’élève seul à l’occidental, mais toujours au Japon où l’on devine qu’il occupe un poste à responsabilités. C’est un papa très affectueux très attentif, mais qui n’arrive pas à parler à Sakura ni de l’accident ni surtout de sa maman. Et la petite fille grandit en cachant son mal-être et en se renfermant sur elle-même.
Le papa de Sakura doit partir pour un voyage d'affaires assez long en Inde. Sakura a huit ans. Elle est trop petite pour rester seule. Il va donc la confier à sa grand-mère maternelle qu’elle ne connait pas et qui habite dans un petit village au bord de la mer… C’est la grand-mère dont tout le monde rêve, une grand- mère câlin, une grand- mère qui cuisine, qui a des amis qui se balade sur son scooter. Et qui surtout est trés heureuse de faire passer du temps avec cette petite fille qu'elle connaît si peu.
Je ne vous raconte pas tout, mais c’est très beau, très délicat. Il faut préciser que Sakura va dans une école française et qu’elle parle mal le japonais. Elle appréhende donc beaucoup de se retrouver seule avec Obaa, c'est ainsi qu'on appelle les grands-mères au Japon. Mais son Obaa a plus d'un tour dans son sac.
Elle va lui communiquer son goût des choses simples : l’affection d’un chat, la pêche aux coquillages, la floraison des cerisiers. Et surtout, elle lui fait découvrir la culture japonaise, et ça passe d'abord par la cuisine. Obaa mitonne de bons petits plats typique et initié sa petite fille aux saveurs japonaises.
C'est un album sur la transmission. Découvrir ses racines pour Sakura lui permets d'apprendre d'où elle vient, qui était sa maman, comment elle lui ressemble. Il y a aussi de très jolies cases sur le culte des ancêtres et comment Obaa reste en lien avec ceux qui ne sont plus de ce monde comme son mari ou sa fille la maman de Sakura. Je termine en vous lisant une partie du commentaire du jury : "Traité à l’aquarelle, ce roman graphique mélancolique, nous invite à ne jamais oublier les valeurs essentielles."
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