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Quelle est la véritable origine de la Saint Valentin ?

Un article rédigé par Victor Benz - RCF Jerico Moselle, le 14 février 2023 - Modifié le 17 juillet 2023

Vous l’ignorez peut-être, mais la véritable origine de la Saint Valentin est tirée de la religion. Explications avec Victor Benz dans Midi Lorraine.

Quelle est la véritable origine de la Saint Valentin ?Quelle est la véritable origine de la Saint Valentin ?

Le 14 février correspond, dans la religion romaine, aux Lupercales, fêtes faunesques se déroulant du 13 au 15 février. Mais peut-on réellement parler d’une continuité depuis l’antiquité ? 

Dans la Grande-Bretagne encore catholique du XIVe siècle, la Saint-Valentin était fêtée comme une fête des amoureux car on pensait que les oiseaux choisissaient ce jour pour s'apparier. Restée vivace dans le monde anglo-saxon, comme Halloween, cette fête s'est ensuite répandue à travers le continent européen à une époque récente.

On retrouve ce même rapprochement de la Saint-Valentin avec les amoureux dans les poèmes d'Othon de Grandson, vivant en Angleterre, de Chaucer et de son contemporain Charles d'Orléans (1394-1465) alors retenu captif en Angleterre qui fait souvent allusion à la Saint-Valentin, jour où les amoureux choisissaient leur partenaire ou renouvelaient leur serment.

Alors qui était Valentin ?


 

Au moins trois saints nommés Valentin différents, tous trois martyrs, sont fêtés le 14 février. Leur fête a été fixée à cette date par décret du pape Gélase Ier, en 495. Ils sont mentionnés depuis dans les premiers martyrologes :

  • Valentin de Rome, un prêtre qui a souffert le martyre à Rome dans la seconde moitié du IIIe siècle et qui a été enterré sur la Via Flaminia ;
  • Valentin de Terni, un moine ou un prêtre, martyrisé à la même époque et décapité au même endroit ;
  • Valentin de Rhétie, moine gyrovague et prédicateur du Ve siècle.

Selon le Martyrologe romain de 1705, les deux premiers Valentin seraient en fait une même personne, présentée sous ses deux fonctions successives. Son culte s'est propagé le long de la Via Flaminia, de Terni à Rome et jusqu'en Rhétie (actuelle Bavière) qui reçoit ses reliques, ce qui explique que l'on vénère sous le nom de Saint Valentin trois personnages différents qui n'en font en réalité qu'un seul. Cette confusion des origines explique que la fête religieuse de Saint Valentin a été rayée du calendrier liturgique romain en 1969 par le pape Paul VI, mais a été conservée dans les calendriers régionaux.

Les documents sont assez abondants jusque vers le milieu du XIXe siècle pour permettre de constater l'extension de la coutume dans l'aristocratie européenne puis sa diffusion dans les milieux populaires au XVIIIe siècle, ce qui explique que la Vie des Saints d'Adrien Baillet7 en 1704, ne mentionne pas encore, dans la rubrique consacrée à Saint-Valentin, qu'il serait le patron des amoureux. Cette coutume ne se déroule pas toujours le 14 février. Au cours de la semaine des valentines, ces dernières reçoivent une lettre de leur valentin qui se propose de les accompagner le jour de la fête des brandons. 

Cet évènement a traditionnellement lieu le premier dimanche de Carême et consiste à brûler symboliquement l’hiver sous forme de grands brasiers afin de le chasser. Cela fait penser au dimanche des bretzels (lux : Bretzelsonndeg) qui est une fête de l’amour célébrée le 4e dimanche de Carême. Selon la tradition, un homme offre à sa bien-aimée un bretzel comme preuve de son amour. Si les sentiments sont réciproques, la femme lui offre un œuf le jour de Pâques. Si elle n’est pas intéressée, l’homme obtient un panier vide, d’où vient l’expression luxembourgeoise « De Kuerf kréien » (obtenir un panier). Dans les années bissextiles, la tradition est inversée : les femmes doivent offrir un bretzel à leur amoureux, tandis que les hommes doivent choisir entre un œuf et un panier vide.

La Saint-Valentin est devenue une fête laïque au XXe siècle


Aux XXe et XXIe siècles, la Saint-Valentin reste une fête commerciale pour certains, une occasion de célébrer l'amour pour d'autres. Souvenons-nous de la pauvreté de la langue française qui traduit par amour trois termes grecs bien distincts : 

L’amour « Éros » est fondé sur une relation sensuelle, charnelle, amoureuse et passionnelle. Ce peut être l’ivresse d’un « coup de foudre » qui induit un fort désir de l’autre. Cela peut être délicieux et… ravageur. Il y a un risque de vivre une illusion, d’aimer l’image de l’autre basée sur des fantasmes et l’imaginaire. Le partenaire peut être vécu comme un objet d’amour conditionnel où l’ego possessif prend toute la place. Si l’attachement à une personne est uniquement conditionné par une passion érotique, le risque de perdition est présent et le Malin peut en faire un terrain de prédilection dévastateur.
 
L’amour « Philia » est l’attachement lié à un sentiment d’amitié, associé à des valeurs, des centres d’intérêts et des objectifs communs. Il prend appui sur des plaisirs partagés, des échanges, du jeu, de la solidarité et de la complicité. La relation est chaleureuse et affective, chacun ayant le souci de l’autre. Cependant, il est conditionnel car fondé sur des activités ou des vécus partagés.
 
L’amour « Agapé » est un amour fraternel, universel, altruiste, spirituel. Il se donne « gratuitement », de manière désintéressée, sans attendre de retour. Il est inconditionnel, accepte l’autre tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts. Il souhaite son bien-être sans profit personnel. Il a de la compassion pour l’autre et l’aime… même s’il n’est pas aimé de lui. C’est un amour affranchi de l'ego qui se situe au-delà de l’émotionnel.

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