Quels films choisir pour nos enfants et ados ?

Pouvoir analyser des films aussi bien que des textes de la littérature, c’est ce qu’a découvert cette professeure de lettres en prenant l’option "lecture de l’image" lors de son concours au Capes. Une passion et une pédagogie retranscrite dans "Eduquer par le cinéma", soit 550 films de tout genre et toute époque, de "La Nuit du Chasseur" de Charles Laughton à "Revoir Paris" d’Alice Winocour, en passant par "Rain man", "Mlle de Jonquière" ou encore "Fantômas contre Scotland Yard" ! Une sélection sur deux critères : "Pas trop de violences ou d’indécences et un fond analysable, que l’on puisse en discuter et qui fasse grandir les adolescents. Et si le film est beau et esthétique, c’est encore mieux !"sourit l’enseignante.

Mais comment analyser un film ? "Je commence toujours par une présentation succincte du réalisateur et de sa filmographie. Ensuite,  j’engage le public à observer deux ou trois techniques cinématographiques, comme le cadrage, les plans ou la musique, pour savoir, ce que par la forme, le réalisateur a voulu nous dire." Une façon de ne pas rester passif face aux images, d'apprendre à les décrypter. Sans oublier le côté éducatif. "Il y a un certain nombre de films qui font grandir" observe Sabine de la Moissonnière, "parce que la situation est édifiante, on en tire une morale et on a envie de vivre la même chose que le personnage." Une analyse qui peut se conclure par un "zoom spirituel" sur les valeurs évangéliques développées dans le long métrage. 

L'image ne s'oublie pas

Mais si des ados ont ces outils pour analyser des images , comment choisir un film adapté pour les plus petits ? Quelques pistes pour Sabine de la Moissonnière. D’abord, même si cela semble une évidence, choisir des films de leur âge, en évitant les scènes violentes. "Petits, ce qu’ils recherchent, plus que le beau, ce sont les sensations fortes, et aussi la transgression, voir des films « de grand ". Or contrairement à un texte, "l’image ne s’oublie pas." estime la spécialiste. "Quand on a vu un monstre ou une créature maléfique, souvent ils dorment mal après. Et puis c’est une approche qui est malsaine. Autant réserver ce genre de films quand ils seront plus grands." confie celle qui avoue encore avoir des frissons en regardant le "Shining" de Kubrick !

Autres conseils : si possible, aller voir le film avant. "Cela suppose évidemment du temps et un budget." reconnait Sabine de la Moissonnière. "Mais cela peut éviter les mauvaises surprises et je ne montre jamais un film que je n’ai pas vu avant, à mes enfants ou à mes élèves."  Ne pas non plus céder aux sirènes de la publicité et des bandes annonces alléchantes. "Il vaut mieux parfois attendre  un peu après la sortie.", se faire une idée par les diverses critiques, de l’entourage ou de la presse. Quitte à acheter plus tard le DVD.

Le cinéma, un plaisir partagé

Reste qu’aller au cinéma, c’est une atmosphère différente. Bien mieux que de rester captif devant une tablette, submergé d’images qu’un enfant n’a pas le recul nécessaire d’analyser. "Une sorte d’enfermement." juge l’animatrice de cinéclub, "Alors que le cinéma, c’est une démarche différente, on y va, on achète son billet. On est plongé ensemble dans le noir. C’est un lieu de partage. On peut y aller tout seul, bien sûr, mais dans une salle avec 200 ou 300 personnes. Et c’est déjà une approche de l’art." Et en plus, conclut Margot*, 8 ans, "On peut manger du pop corn. Ce qui est d'habitude interdit à la maison !" Un petit plaisir supplémentaire , qui n'est pas ... du cinéma !

A découvrir dans l'émission : l'analyse critique de "Arrête-moi si tu peux" de Steven Spielberg (2002) avec Léonardo Di Caprio et Tom Hanks et "Le Dîner de cons" (1998) de Francis Veber avec Thierry Lhermitte et Jacques Villeret

* Prénoms d'emprunt

Pour aller plus loin :

"Eduquer par le cinéma - L'intégrale" par Sabine de la Moissonnière aux éditions Centurion.  550 films classés par thème et âge.