Vouloir la mort, comment est-ce possible? Coment cela peut-il être un objectif? La présence des djihadistes dans la société contemporaine nous sidère. Puis nous interroge. Peut-on cerner ce qui caractérise ce basculement dans la violence, que l'on nomme radicalisation? Pour Olivier Roy, auteur du "Djihad et la mort" (éd. Seuil), la violence terroriste n'est pas nouvelle. Mais ce qui est nouveau c'est que "la mort est au cœur du projet terroriste d'aujourd'hui".
Le tournant, Olivier Roy le situe en 1995, avec l'affaire Khaled Kelkal à Villeurbanne. Avant cela, "les terroristes faisaient tout pour tuer sans être tués". Depuis ils "se font tuer ou bien attendent que la police les tue". Ce qui fait dire à Olivier Roy que chez les terroristes comme chez les djihadistes il y a une "centralité de la mort".
La question n'est pas tant le désir de révolte que celle de l'attentat suicide dans un cadre religieux. Pourquoi vont-ils vers "ce grand récit que Daech a mis au point en faisant l'apologie de la mort la mise en scène de la violence et de la cruauté"? Pour Olivier Roy "Daech joue sur tous les codes de la culture jeune d'aujourd'hui". En réponse à un sentiment de manque de reconnaissance, Daech offre un modèle d'héroïsme directement inspiré des jeux vidéo: pouvoir de vie et de mort, pouvoir de domination sexuelle.
Parmi les terroristes et djihadistes, on trouve 60 à 65% "de seconde génération, c'est-à-dire des enfants d'immigrants de religion musulmane". Les convertis atteignent eux les 25% dès la fin des années 90. Une part qui a tendance a augmenté. Depuis environ trois ans, des femmes rejoignent Daech. La plupart des terroristes ayant agi en France et en Belgique sont des "petits délinquants". "Et pratiquemment aucun de ces jeunes n'a de formation religieuse", notre Olivier Roy, qui ajoute: "La carte du djihad ne se superpose pas exactement à la carte des quartiers difficiles."
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