RCF Bordeaux : Boris Cyrulnik présente son nouveau livre « Quarante voleurs en carence affective »

Venu dans les studios de RCF Bordeaux, notre invité Boris Cyrulnik nous présente aujourd’hui son ouvrage « Quarante voleurs en carence affective » paru le 6 septembre 2023.  Chercheur, écrivain, enseignant et éthologue convaincu, Boris Cyrulnik est notamment reconnu pour le processus de résilience. Il met également à profit son expertise en neuropsychiatrie pour décrire dans son livre les effets des « carences affectives » sur le cerveau, prédisposant biologiquement certains Hommes à commettre les pires exactions.

 

 

L’affection : élément clef du développement cérébral humain

Boris Cyrulnik, écrivain, chercheur, enseignant et neuropsychiatre, revient sur les thématiques centrales de son nouveau livre « Quarante voleurs en carence affective ». Il y décrit un phénomène biologique commun à tous les animaux : l’isolement et les carences affectives d’un individu au cours des premières étapes de sa vie, entrainent chez lui des dysfonctions cérébrales. Ces individus, à l’âge adulte, seraient donc particulièrement fragilisés car souvent émotionnellement instables et esclaves de leurs pulsions d’agressivité.

Il dénonce l’instrumentalisation des faiblesses de ces individus par des Hommes vils qui, du gourou au dictateur, les exploitent à des fins malveillantes. Car si l’émotion est une caractéristique humaine, la manipulation en est parfois une autre.

Boris Cyrulnik explore également les causes des carences affectives. Son intervention met en lumière le caractère essentiel de l’amour à la fois pour le développement cérébral et émotionnel du nouveau né, mais aussi pour sa mère. Elle aussi a besoin d’en recevoir pour être en capacité d’en donner.

 

L’ignorance au profit de la haine de l’autre

Selon l’auteur, l’Homme a la capacité de recourir à ses émotions et au langage, s’écartant de la réalité pour imaginer, créant des outils pour l’améliorer. « Ils ont des outils pour faire la guerre, afin d’imposer leurs idées et leurs croyances, jusqu’au génocide ou à la destruction de la planète. Ça les animaux ne savent pas le faire ».

Boris Cyrulnik nous rappelle que l’Homme, au fil de l’histoire, a su faire preuve d’autant d’inventivité pour la création que pour la destruction.

Un jour, un « sauveur » est élu démocratiquement. Le lendemain on se rend compte qu’il est despote. Comment cela peut-il arriver ? A l’instar de la carence affective, Boris Cyrulnik explique que  l’appauvrissement du monde verbal et des récits  opère des modifications cérébrales profondes chez un individu, favorisant l’intégration d’une pensée unique et invérifiable. Lorsque celle-ci se nourrit de la haine des autres croyances, la barbarie est inexorable car le respect d’autrui devient impossible.

 Si par malheur on se décentre de soi pour visiter la croyance d’un autre, on le respecte, on s’étonne, ça nous intéresse, ça nous irrite (…) Mais on le respecte. A ce moment là il n’y a pas de guerres, il y a des désaccords. 

Se questionner pour se libérer

Boris Cyrulnik nous livre un message essentiel. Il parle de « cerveau social » : une partie de nous nous échappe, le cerveau se sculptant en dehors de nous et par les autres.

Connaitre ces phénomènes, c’est avoir les clefs pour s’émanciper de sa condition, pour questionner ses croyances et son rapport à autrui.

Son œuvre révèle l’importance de l’affection et des mots pour soigner les maux de ce monde.

 

Pour aller plus loin : 

Voir l'épisode : "Le laboureur et les mangeurs de vent" par Boris Cyrulnik, intervenant dans l'émission Cinquième de Couverture RCF Bordeaux parue le 26 juillet 2022.

À 7 ans, traqué par les nazis, le jeune Boris Cyrulnik échappe à la déportation et à la mort. Devenu neuropsychiatre, chercheur et écrivain célèbre, il explique dans son nouvel ouvrage "Le Laboureur et les Mangeurs de vent: Liberté intérieure et confortable servitude", comment on peut trouver le chemin de la liberté intérieure, pour devenir autonome et résister aux idéologies.