Aujourd’hui, il est question de photojournalisme avec l’exposition « La France sous leurs yeux » que l’on peut voir à la Bibliothèque nationale de France, sur le site de Tolbiac. Cette exposition nous propose, c’est son sous-titre, « 200 regards de photographes sur les années 2020 ».
Au sortir de la crise du coronavirus, le ministère a lancé une grande commande à l’intention des photojournalistes, profession dont l’activité avait évidemment souffert des périodes de confinement. L’idée étant de réaliser une sorte de radioscopie de la France post covid. Les photographes pouvaient proposer leur candidature en déposant un projet argumenté. Après décision d’un jury, 200 lauréats ont bénéficié d’une bourse de 22 000 € pour mener à bien leur travail. Il en a résulté des milliers de photos dont 2 000 - dix par photographe – ont intégré la collection de la BNF. L’exposition rend compte de cette aventure avec la présentation de deux photos seulement par lauréat. Ce qui aboutit quand même à une exposition très volumineuse. Prévoyez du temps pour la visiter.
Cette exposition témoigne tout d’abord d’une évolution importante du métier de photojournaliste qui était historiquement lié aux événements chauds : les guerres, les conflits sociaux, les catastrophes naturelles. Ces dernières décennies, une nouvelle demande est apparue, celle d’illustrer avec des images de qualité des problèmes sociaux ou sociétaux. C’est cette forme de-là de photojournalisme qui s’exprime dans l’exposition de la BNF.
Il s’agit de reportages thématiques qui couvrent tout le territoire français, y compris l’outre-mer. Les sujets sont extrêmement variés, des plus graves, comme les rites funéraires, jusqu’à des choses qui touchent au futile comme les thés dansants. À vrai dire, j’aurais bien aimé qu’il y ait un peu plus de sujets souriants. Car l’impression générale est tout de même assez plombante, entre campagnes délaissées et banlieues déshéritées. Néanmoins, l’exposition a évidemment le mérite de rendre visibles des personnes habituellement invisibles et aussi de faire place à des initiatives de fraternité.
D’abord, celui de Jane Evelyn Atwood sur l’île de Sein, dans un magnifique noir et blanc, choix très minoritaire. La plupart des travaux sont en couleur. J’ai été très touché par le reportage de Guillaume Herbaut, une chronique du quotidien des gendarmes dans une commune du Lot-et-Garonne, notamment lorsqu’ils doivent intervenir dans des violences intrafamiliales. Jef Bonifacino, lui, a eu une idée astucieuse. Il est allé en reportage dans les communes les moins densément peuplées de chacune des 13 régions de l’Hexagone. J’ai aimé aussi les pratiques artistiques des jeunes des banlieues populaires, photographiées par Aglaé Bory.
Alors, attention, l’exposition à la BNF se termine bientôt, le 23 juin. Mais on peut regarder tous ces reportages sur le site Internet qui regroupe les travaux de cette grande commande. Sachez enfin que des expositions, à travers la France, présentent des éléments de cette extraordinaire collection de photographies. Durant ce second semestre, ce sera le cas dans une vingtaine de villes.
Jusqu’au 23 juin
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