Découvert à l'âge de vingt ans grâce à un casting sauvage, Romain Duris apparaît pour la première fois dans « Le péril jeune » de Cédric Klapisch, en 1994. Très vite, il devient l'un des acteurs fétiches de ce réalisateur français avec qui il tournera à sept reprises, notamment sous les traits de Xavier, cet étudiant en sciences économiques qui rêve de devenir écrivain, dans la trilogie « L’ auberge espagnole » (entre 1999 et 2013).
S’il s’affirme comme figure emblématique du cinéma français, il varie les genres, alternant comédie (« L’ Arnaqueur », « Coupez ! »), drame (« De battre mon cœur s’est arrêté ») et épopée historique de cape et d’épée (« Les Trois Mousquetaires »).
Cette année, Romain Duris revient à Namur présenter « Une part manquante » de Guillaume Senez avec qui il a déjà tourné « Nos Batailles » en 2018. « La part manquante » nous plonge au Japon sur les pas d’un chauffeur de taxi français (Romain Duris) qui cherche éperdument depuis neuf ans à retrouver sa fille Lilly dont il est privé suite à la séparation entre lui et sa mère, une Japonaise. Quand un beau jour, par pur hasard, la petite Lilly monte dans son taxi…
S'ensuit un film magnifique sur la différence des cultures, des éducations, des règles et systèmes judiciaires, mais aussi sur la problématique des gardes alternées pas respectées par un des parents, dans un divorce dont c’est l’enfant la principale victime.
Rencontre avec cet acteur référence du cinéma français au Festival de Namur. Morceaux choisis.
On y rencontre les gens en vrai et ça fait un bien fou d’être ainsi confronté au regard du public. Il faut rester connecté au réel, au rapport humain. Et plus le festival est petit, plus c’est sympa !
J’avais 18 – 19 ans, je ne savais pas encore ce que c’était. Lors de ce premier casting, j’ai eu juste à jouer, à être moi, partagé entre timidité et nonchalance. Je ne voulais pas qu’on me vole quelque chose mais j’avais en moi ce désir de jouer depuis toujours. Après, si le film marche tant mieux, on devient vite connu. Mais au départ, je ne savais pas du tout à quoi je m’engageais.
J’ai eu la chance d’avoir des propositions qui me correspondaient au moment où on me les faisait. Si on me reproposait la même chose aujourd’hui, j’ai évolué, peut-être que je ne le referais pas. Mais la chance n’arrive pas seule, il faut la susciter et parfois, savoir prendre des risques, en sortant des parcours établis. Je ne fais jamais de plan, je fonctionne beaucoup à l’instinct.
Ce qui fait que j’accroche à un scénario ? Je n’en sais trop rien, c’est instinctif. C’est comme quand vous lisez un livre : pourquoi vous accrochez au sujet dès les premières pages ? Ou pas. Mystère. C’est instinctif chez moi. Et je fais confiance à mon instinct. Bon, il peut m’arriver de me tromper parfois : tant pis !
Chaque metteur en scène a sa façon d’écrire. Parfois donc, on se trompe. Mais même si le film est raté, j’ai envie de rester positif, c’est pas si grave après tout !
Plus j’avance en âge, plus je me prépare en amont. Prenez ce film, « Une part manquante » : il a été tourné en grande partie en japonais. J’ai dû m’y préparer durant quatre mois. Il m’a vraiment fallu prendre le temps d’apprendre à parler le japonais et ce fut un véritable plaisir. Après quatre mois de préparation, on est prêt pour le tournage. Et ça n’a pas eu d’influence sur ma façon de jouer, de faire passer mes émotions, j’y suis allé sans me poser de questions, c’est assez génial en tout cas.
Pour moi, petit Parisien de vingt-cinq ans, à l’époque (en 1997), c’était la découverte d’une autre vie, en Roumanie, au sein d’une communauté tsigane ! Au départ, les enfants me crachaient dessus ! Mais trois mois plus tard, ils m’embrassaient ! A la fin du tournage, je ne voulais plus renter en France ! Tony m’a emmené avec lui en Turquie pour décompresser !
J’ai tourné sept films avec lui. Alors oui, la relation va au-delà du professionnel, on est devenu amis. Et ce alors qu’il a dix ans de plus que moi. Et puis, en plus, ses personnages sont entre lui et moi. Alors ça, ça crée des liens, inévitablement.
Klapisch était un visionnaire à l’époque, avec ces étudiants en Erasmus à Barcelone, une ville alors encore en devenir. Cédric a saisi ça avant tout le monde et c’est sa force : de petits moyens, un cocktail de liberté et de spontanéité, et la magie a opéré. Ce film a donné envie à plein de jeunes, on m’en parle encore aujourd’hui. J’aurais dû toucher un pourcentage (grand sourire).
Ça me plairait bien. Mais passer cinq ans de ma vie sur un même film, c’est beaucoup. J’aurais surtout envie de diriger des comédiens. Mais la pression (la production, le financement…), ça me fait peur. Il faudrait que je trouve une histoire qui me ressemble vraiment.
J’ai tourné « Tout l’argent du monde » sous sa direction. J’hallucinais, tourner avec le réalisateur de « Thelma et Louise », waouh ! J’ai dû vaincre mon trac, penser à ne pas gâcher ce plaisir, cette occasion unique. J’en ai profité.
C’était un film américain, certes. Mais lui est anglais, je pense bien. Européen en tout cas. Il a une propriété dans le Vermont, il adore la France. Le tournage avait lieu à Rome, ce n’était donc pas très américain, en fin de compte. Je n’ai donc pas vraiment connu la mécanique des tournages à l’américaine. Mais j’aime jouer en anglais.
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