C'est une des plus belles églises de Paris qui fête ses 800 ans. Saint-Eustache, au cœur du premier arrondissement de la capitale.
Alors bien sûr, le grand vaisseau qui domine le quartier des Halles ne date pas du XIIIe siècle. Ce que l’on célèbre, c’est la fondation de la paroisse, en 1223. Mais c’est une belle occasion de s’intéresser à ce bâtiment et à ce qu’il contient. L’église actuelle a été mise en chantier en 1530, c’est-à-dire à l’époque de la Renaissance, et elle a été consacrée en 1637.
C’est pourtant un bâtiment de style gothique ou, pourrait-on dire, post-gothique avec des éléments Renaissance et même classiques. C’est notamment le cas de la façade de l’église entamée au XVIIIe siècle et restée inachevée. Elle fait penser à celle de Saint-Sulpice mais il lui manque une des deux tours mais aussi le vaste parvis qui aurait dû la mettre en valeur. Longtemps, Saint-Eustache est resté enserré dans le tissu du quartier. C’est seulement depuis la destruction des pavillons des Halles de Baltard, en 1971, que le côté Sud apparaît en majesté.
Saint-Eustache entretient depuis longtemps des relations étroites avec les artistes. C’est vrai dans le domaine de la musique. Son orgue, longtemps tenu par Jean Guillou, est un des plus beaux de France. La chorale des chanteurs de Saint-Eustache est également très réputée.
Mais il faut souligner la richesse de l’église en peintures et en sculptures. Cela vaut pour le passé avec des tableaux issus des ateliers de Rubens et de Luca Giordano, les très belles sculptures du tombeau de Colbert, signées de Coysevox et Tuby. Mais cet héritage se prolonge dans le présent avec des œuvres contemporaines très marquantes.
Cet héritage se prolonge dans le présent avec des œuvres contemporaines très marquantes.
Je pense à un torse de Christ signé en 2015 par l’artiste Pascal Convert et un maître verrier, Olivier Juteau. Une sculpture en bois de la fin du XVIIe siècle a été cristallisée dans du verre qui a pris de ce fait une couleur très particulière. Cela donne à cette sculpture une présence presque phosphorescente.
J’ai été très touché par un triptyque en bronze, patiné d’or blanc qui est intitulé La Vie du Christ. Il a été conçu par l’artiste américain Keith Haring dont ce fut la dernière œuvre avant qu’il ne meure du sida en 1990. Cette sculpture fait mémoire d’un temps très particulier dans la vie de la paroisse, lorsqu’elle était devenue le principal lieu d’accueil du diocèse de Paris pour les victimes du sida et la célébration de leurs funérailles.
Je voudrais enfin mentionner une œuvre qui n’est pas visible actuellement, ce que je regrette beaucoup. Il s’agit d’un bas relief très coloré du sculpteur britannique Raymond Mason. Son titre dit exactement ce qu’il représente : « Le départ des fruits et légumes du cœur de Paris, le 28 Février 1969 ». Vous pourrez en voir une photographie sur le site de RCF. On peut ne pas aimer ce style de représentation qui fait penser à celui d’une bande dessinée. Mais il fait mémoire de ce qu’a été ce quartier des Halles pendant des siècles jusqu’au départ pour Rungis. Il faut donc souhaiter que cette œuvre soit bientôt réinstallée.
En attendant, Saint-Eustache va héberger à partir de jeudi et jusqu’au mois de mai un spectacle lumineux et musical évoquant l’histoire de cette église. Je ne l’ai pas encore vu mais cela s’annonce comme très impressionnant.
L'église Saint-Eustache se trouve au 2 Impasse Saint-Eustache à Paris dans le premier arrondissement.
Chaque mardi à 8h45, Guillaume Goubert et Simon de Monicault présentent une exposition ou un événement qui raconte l'histoire de l'art.
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