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Sortie cinéma de la semaine : le film "Empire of Light" de Sam Mendes

Un article rédigé par Valérie de Marnhac - RCF, le 1 mars 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
La Chronique cinémaSortie cinéma de la semaine : le film "Empire of Light" de Sam Mendes

J'ai choisi cette semaine le film de Sam Mendes "Empire of Light". Sam Mendes c’est le réalisateur des deux avant-derniers James Bond, "Skyfall" et "Spectre".

©Affiche du film "Empire of Light"©Affiche du film "Empire of Light"

Sam Mendes a un parcours et une filmographie assez exceptionnels. Au départ, il est un pur produit britannique : diplômé de Cambridge, passé par le théâtre et la Royal Shakespeare Compagny. Mais pour le cinéma il choisit les États-Unis, et dès son premier film, "American beauty", sorti en 1999, il est encensé aux oscars et rafle cinq statuettes dont celles de meilleur film et meilleur réalisateur.

 

Mais il change ici complètement de registre ! Il revient à quelque chose de beaucoup plus intime et personnel avec ce scénario qu’il a écrit seul et qu’il a tourné dans le sud de l’Angleterre. C’est inspiré de l’histoire de sa mère, qui souffrait de troubles bipolaires. Il a proposé le rôle à Olivia Colman, un rôle tout en subtilité et en complexité, dans lequel elle est encore une fois prodigieuse !

 

 

 

L'histoire se passe dans une petite station balnéaire, au début des années 80

 

Hilary tient la caisse du cinéma local L’empire, qui donne son nom au titre. Elle, vit seule et est un peu apathique, à cause du traitement médical qu’elle suit. Mais l’équipe sur place est un foyer gai et accueillant, où chacun prend soin des autres avec beaucoup d’empathie et de bienveillance. Sauf le patron, joué par Colin Firth, qui est un infame bonhomme, frustré et prédateur. Arrive un nouvel employé, Stephen, un jeune Noir, très beau. Ensemble ils vont se confier et s’apporter mutuellement amour et soutien.

 

Le film aborde aussi la question du racisme latent dans la société thatchérienne de ces années-là

 

Micheal Ward, qui joue le rôle de Stephen, est bouleversant et les scènes racistes sont terribles. Il a voulu dénoncer la violence raciale de cette époque, liée au mouvement punk naissant, et qu’il sent revenir aujourd’hui. Ce qui donne par ailleurs une bande originale du film géniale ! Tous les tubes rock / ska / reggae de notre jeunesse, de The Specials à The Cure ! Mais c’est aussi la limite du film qui veut aborder trop de sujets à la fois. L'histoire centrale d’Hilary en pâtit un peu et se retrouve diluée.

 

Les images du film sont somptueuses

 

Il faut saluer le travail du directeur de la photographie, Roger Deakins. C’est celui des frères Coen, et il travaille avec Sam Mendes depuis près de 20 ans. Il fait varier la lumière et les couleurs des plans, au gré des sentiments et des états d’âmes d’Hilary. C'est magnifique !

 

Il a tourné en décors réels, dans des bâtiments désaffectés du Kent. La salle de cinéma notamment est un incroyable édifice art-déco gigantesque, une sorte de paquebot posé sur la plage, très poétique, empreint de beaucoup de nostalgie. C’est la troisième déclaration d’amour au cinéma depuis le début de l’année. Après "Babylon", de Damien Chazelle, "The Fabelmans", de Steven Spielberg, une conjonction étonnante ! Trois films, trois réalisateurs, et surtout trois générations différentes qui tous ressentent le besoin de dire leur amour du septième art.

 

Pour Sam Mendes, c’est une déclaration à la salle de cinéma. L’histoire lui est venue pendant le confinement, à un moment où il pensait ne plus jamais pouvoir sortir comme avant, dans une salle de spectacle. Et il a voulu rendre hommage à tout ce que ces lieux de culture extraordinaires nous apportent comme lien social, comme ouverture aux autres et au monde. Ce film est un des fruits de la pandémie !

 

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