Mon film de la semaine ? "Wahou !", une comédie légère et intelligente comme toujours avec Bruno Podalydès.
Bruno Podalydès est fidèle à son ton et à son style unique, un mélange d’humour un brin caustique, et de beaucoup de tendresse teintée de mélancolie. Dans son film précédent, "Les 2 Alfred", il fustigeait avec drôlerie le monde des start-ups, ces entreprises high-tech soi-disant très cools mais en réalité totalement déshumanisantes. Et avec ce 10e long métrage, il nous emmène dans le secteur de l’immobilier.
Wahou, c'est le nom de l'agence immobilière où travaillent les deux personnages principaux, Oracio et Catherine. Ils sont formidablement joués par Bruno Podalydès lui-même et par Karine Viard. Deux agents immobiliers un peu usé par son métier pour l’un, plus motivée mais en deuil de son compagnon pour la seconde. "Wahou !" c’est surtout le cri d’enthousiasme que doivent lancer leurs clients quand ils découvrent le bien qu’ils visitent.
Ils ont deux biens à vendre : une grande maison bourgeoise un peu défraîchie et un appartement moderne flambant neuf. La première est habitée par un vieux couple incarné par Sabine Azéma et Eddy Mitchell qu’on n’avait pas vus ensemble depuis le film de Chatiliez, "Le Bonheur est dans le pré", et qu’on retrouve avec… bonheur ! Lui en ours mal léché qui compte bien dissuader tous les acheteurs potentiels de sa maison qu’il ne veut pas quitter, et elle, plus fantaisiste et détachée de tout matérialisme.
C’est ensuite toute une galerie de portraits qui défile sous nos yeux, à chaque visite : une succession de sketches tout à tour loufoques, drôles, tendres, qui cachent en réalité des sentiments bien plus profonds de solitude, de complexe social, d’egos blessés… Toutes ces situations exacerbées lors d’un acte finalement très impliquant : l’achat ou la vente d’une maison.
Le cinéma de Podalydès est vraiment le théâtre de la comédie humaine, où derrière un humour bienveillant se cache une étude des mœurs plus cruelle. Bruno Podalydès est aussi le digne héritier du cinéma burlesque de Jacques Tati. On pense à "Playtime" dans sa façon de se moquer de la modernité, vide de sens et tragi-comique, avec tout un travail sur les bruitages. Quand lui fait une démonstration des volets entièrement automatisés, sa cliente qui cherche un petit logement pour sa mère très âgée, craint plutôt qu’elle confonde la télécommande avec celle de la télévision.
Bruno Podalydès joue beaucoup sur les contrastes, les décalages, les symétries. Et aussi il brocarde tout un univers professionnel, et son vocabulaire abscons de "terrain piscinable" ou de "dressing" pour un vulgaire placard plus proche du placard à balai !
Le film a été tourné en quatre semaines, sur la base d’un scénario "écrit dans l’urgence" dixit l’auteur-réalisateur. Il peut paraître au départ léger voire anecdotique mais il nous rejoint de manière intime et nous retourne en cours de route en laissant l’espérance émerger au cœur des failles de tous ses personnages. C’est "Wahou !"
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