Vous en avez peut-être déjà vu au sol ? Les "Stolpersteine" sont des pavés de mémoire en hommage aux victimes de la Seconde Guerre mondiale. On en compte plus de 100 000 en Europe. Et ici, en Alsace, on en compte plus de 200.
En Alsace, les “Stolpersteine" sont nombreux. On en trouve plus de 200 à travers tout le territoire. Des petits pavés avec une grande signification : se souvenir des victimes de la Seconde Guerre mondiale.
Stolpersteine 67 est l’une des associations en Alsace qui s'occupe de les installer. Nicolas Laugel, chercheur pour l'association, nous en dit plus sur ces pavés.
RCF Alsace : Pouvez- vous nous éclairer sur ce que sont les “Stolpersteine” ?
Nicolas Laugel : Les Stolpersteine sont l'œuvre de l'artiste allemand Günter Demnig. Il les a créés au début des années 90. C'est un petit pavé recouvert d'une plaque de laiton. C'est très petit, ça fait dix centimètres sur dix. On marque le nom, le prénom, la date de naissance et un petit peu la trajectoire pendant la guerre, de manière très succincte.Et on les place devant le dernier domicile librement choisi.
RCF Alsace : Ces œuvres d’art sont destinées à qui ?
Nicolas Laugel : Le créateur de cette œuvre a voulu que l’on se souvienne des personnes qui avaient été persécutées par le régime national-socialiste dans la rue, c'est-à-dire dans l'espace dans lequel ils avaient vécu. Donc l’artiste voulait les remettre dans l'espace duquel ils ont été arrachés. C'est un projet mémorial qui commence avec une roue. En effet, l'artiste a tracé le chemin des appartements et des maisons des victimes, jusqu'au lieu de leur déportation, qui était la gare. C'est pour toutes les personnes qui ont été persécutées par les nazis : juifs, tziganes et homosexuels. Donc c’est pour toutes les personnes qui ont été persécutées pour ce qu'elles étaient ou pour ce qu'elles croyaient.
RCF Alsace : En quoi consistent vos recherches et comment les menez-vous ?
Nicolas Laugel : En général, les familles viennent nous voir. Elles ont des fois des informations, mais pas toujours. Elles ont au moins le nom. À partir de ça, on va donc faire des recherches dans les archives pour avoir l'adresse. Pour nos recherches on utilise le recensement, les fichiers domiciliaires. Il y a aussi les archives qui sont disponibles en ligne, comme celle de Yad Vashem, du Mémorial de la Shoah. Avec toutes ces informations, on retrace petit à petit le parcours de ces personnes.
RCF Alsace : Actuellement, installe-t-on encore des stolpersteine en Alsace ?
Nicolas Laugel : Notre association, la Stolpersteine 67, a repris nos poses il y a deux semaines, donc à Wissembourg, à Bischheim, à Schiltigheim. Ce lundi, on a posé un pavé à Saverne pour la famille de Simone Polak.
À savoir que notre association avec la mairie de Strasbourg, a remis la médaille d'honneur de la ville de Strasbourg à l'artiste allemand Günter Demnig.
RCF Alsace : Comment explique-t-on qu'il y a de plus en plus de Stolpersteine en Alsace ?
Nicolas Laugel : Par exemple, il y a 6 millions de victimes juives. Idéalement, il faudrait qu'on pose 6 millions de pavés. Avec le travail des différentes associations les pavés sont posés assez régulièrement, par conséquent, c’est un chiffre qui évolue constamment.
À noter qu’une exposition se tient au rez-de-chaussée des Halles du Scilt à Schiltigheim : Stolpersteine, pavés de la mémoire est disponible jusqu'au 28 avril.
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