"Terminus Malaussène, de Daniel Pennac : comme le titre l'indique, c'est la fin d'une drôle d'histoire !
Les plus anciens s’en souviennent : tout a commencé avec Au bonheur des ogres, en 1985, un polar signé David Pennac. Trente ans plus tard, le huitième tome vient mettre un terme à la saga familiale, comme son nom l’indique : Terminus Malaussène. Avant de venir à ce dernier volet des aventures déjantées de Benjamin Malaussène, on peut rappeler que Daniel Pennac, prof de français de son état, avait commencé à écrire dans la série noire, Au bonheur des ogres, et puis La fée carabine, avant de passer dans « la blanche » comme on dit précieuse collection de littérature chez Gallimard avec La petite marchande de prose qui a rencontré Le héros narrateur est bouc émissaire de profession, chargé d’encaisser les réclamations dans un grand magasin avant d’être embauché par la Reine Zabo, éditrice. Tout cela serait encore assez simple s’il n’y avait une flopée de naissances dans le clan, tous baptisés par Jérémy qui ne manque pas de fantaisie : ainsi débarquent dans la smala Louna, Verdun, C’est Un Ange, Thérèse, Le Petit et les nombreux amis, le capitaine Titus, Haddouch et Gervaise...
Tout un monde qui a grandi à Belleville, qui sillonne les rues de Paris. Nos héros sont confrontés à des bandits de toutes sortes, et dans ce nouvel épisode aux accents de feuilleton haletant, il faut retrouver les Lapietà, père et fils, enlevés par l’affreux Pépère. Les pneus crissent, ça pétarade dans tous les coins à la Défense, et si la police patauge, les Malaussène vont prendre le relais. Il est question de rançon, de trafic d’enfants, de matches truqués, bref : un scenario rocambolesque, des personnages foutraques, impossible de résumer les quelque quatre cents pages d’un feu d’artifice et les retournements de situation : il est vrai que Pépère et ses sbires accumulent les erreurs. Heureusement, Benjamin se fait le scribe de l’affaire, et il remet tout ça dans l’ordre, en bon protecteur de la tribu. Benjamin, le héros de l’histoire, omniprésent : « tu n’es plus le jeune homme versatile qui pouvait changer de boulot en changeant d’humeur. Depuis quelques décennies tu es un être social, chef de famille, homme de devoir, fidèle à tous tes postes. » Comme quoi, il n’y a pas que les lecteurs qui prennent de l’âge…
Evidemment, rien ne vaut la lecture des aventures de Benjamin Malaussène depuis le début, mais vous risquez de disparaître des écrans radar pendant quelques jours… Non, vous pouvez lire Terminus Malaussène sans problème, et quand un élément vous manque, Daniel Pennac s’empresse de reconstituer l’épisode en quelques phrases. C’est vrai que les afficionados se régaleront des clins d’œil aux livres précédents, et se réjouissent quand ils voient revenir l’un ou l’autre personnage. Peut-être même faut-il abandonner toute lecture cartésienne devant ces histoires à rebondissement : « En deux mille et quelque pages, ils m’auront tout fait », s’exclame Benjamin Malaussène. N’hésitez pas à plonger dans l’univers loufoque et addictif des Malaussène. Pour reprendre un titre de Pennac, ça se lit « comme un roman ».
Terminus Malaussène, de Daniel Pennac, est publié aux éditions Gallimard.
Chaque jeudi à 8h44, Christophe Henning (La Croix) et Christophe Mory (RCF et Radio Notre-Dame) présentent le livre de la semaine.
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